Homo Viator, la libre circulation des personnes entre ancienne et nouvelle mondialisation
Marie Monnet, op
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Théologie & Société
ISBN 978-2-204-10286-5
ISSN
Homo Viator, la libre circulation des personnes entre ancienne et nouvelle mondialisation, préface de Danielle Anex-Cabanis, le Cerf, 2014.
A comparer l’Union Européenne, structurée par le traité de Lisbonne et l’ALENA, traité entré en vigueur le 1er janvier 1994, qui a créé une zone de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, on ne peut qu’être frappé par une différence majeure : celle du traitement de la liberté de circulation des populations. Les tenants du libéralisme ont libéralisé toute forme de circulation (produits, capitaux) sauf celle des personnes. Ils ont ainsi élevé des murs, des barrières électrifiées où viennent mourir chaque année des millions de migrants.
La recherche de Marie Monnet dont le titre éloquent Homo viator donne d’emblée le ton, met à jour une donnée omniprésente et permanente qui structure les Institutions Européennes mais qui passait jusque là inaperçue : il y a, sinon une idéologie, du moins une pensée propre à l’Europe et cette pensée structure l’ensemble de sa construction. Il y a une tradition intellectuelle qui parcourt l’histoire européenne comme la voie lactée traverse le ciel d’été. Cet héritage conceptuel se transmet et prend corps progressivement depuis Aristote jusqu’à nos jours. Il se concrétise avec la fameuse école de Salamanque.
En Espagne donc, en pleine conquête du Nouveau Monde, s’élaborent les premiers rudiments du droit international et des droits humains. Ce processus nait de l’affirmation d’un ius communicationnis, d’un droit à la mobilité, conceptualisé par l’Ecole de Salamanque. Cet élan intellectuel passe aux Pays-Bas où Grotius précise le droit de la mer. A sa suite Locke, en Angleterre, fonde le libéralisme, assumant la libre circulation. Le thème revient chez Keynes qui fait face à la grande crise, mais il est lui aussi philosophe avant d’être un économiste génial. L’exil stimule les intellectuels européens aux USA pendant la seconde guerre mondiale. Parmi eux, le père Delos, dominicain, réfléchit à la citoyenneté et, au-delà d’une Europe qui n’est pas encore réconciliée, il pense déjà une gouvernance mondiale fondée sur la mobilité des hommes. Les organisations internationales naissent de cette réflexion diffuse (mais tout de même précise), incarnant institutionnellement une mobilité qui n’est plus un affrontement.
Car ce « quelque chose » de très diffus qui anime l’Europe, présente les outils intellectuels nécessaires pour penser l’organisation de l’ensemble des nations dans un monde que nous voyons chaque jour davantage interdépendant et en mal d’unification. La manière dont on traite les êtres humains, individuellement et collectivement, dit quelque chose de la qualité de gouvernance politique globale. En petit, le naufrage d’un bateau transportant quelques centaines d’immigrés érythréens et somaliens quasi-anonymes manifeste en grand le naufrage du bateau mondial. Tous deux sont la conséquence d’une gouvernance qui occulte un principe fondamental : la mobilité ou la parenté naturelle des hommes. Aussi curieux que cela puisse paraître, le concept central est celui du droit de circulation. C’est précisément ce que l’ALENA refuse qui est le critère de l’humain.
L'ouvrage le montre et le démontre, apportant, avec précision, une largeur de vue qui révèle un sens, et communique une saveur à l’histoire humaine, car si l’auteure est juriste, elle est aussi philosophe et théologienne.
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Marie MONNET est dominicaine, docteur en droit, philosophe et théologienne. Elle dirige les études et la recherche au sein de l'Université Domuni.
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Detalles de producto
Fecha de publicación: NoneIdioma: Français
Páginas: 224
Dimensiones: None
Formato: Papel
Marie Monnet, op
dominicaine, docteur en droit et en théologie. Enseignante-chercheuse en droit international, elle s’intéresse particulièrement à la libre circulation, fondée sur un principe d’échange et de réciprocité. Elle est l’actuelle rectrice de Domuni-Universitas.