Kant et la paix perpétuelle

Description

Faire dialoguer et concilier darwinisme et kantisme concernant les déterminants de la paix perpétuelle aux dimensions cosmopolitiques, à savoir le sentiment de sympathie et la volonté libre, est l’objet de ce cours.

Remplacer l’hypothèse du contrat social par une explication naturaliste de la paix est une option remontant à David Hume et à Charles Darwin. Patrick Tort, dans son plaidoyer pour Darwin contre des idéologies sociopolitiques, la rend plus évidente.

Selon cet auteur, contrairement à l’opinion, Darwin n’est pas un promoteur de la guerre, mais un penseur naturaliste de la paix universelle. Darwin expliquerait mieux que les philosophes du contrat le passage de l’état de nature guerrière à celui de civilisation pacifique grâce à « l’effet réversif de l’évolution » par la sélection naturelle.

Pour défendre Darwin, Patrick Tort le rapproche d’abord de Kant pour l’opposer finalement à lui. Face aux limites de l’explication par sélection ainsi que les écueils de la sympathie, ce cours explore les vertus à considérer la réalisation de l’idée de paix comme tâche de l’humanité plutôt que celle de la nature.

Dans un parcours original, les étudiants analyseront les sources kantiennes de l’anthropologie darwinienne, ainsi que l’existence chez Kant d’une version développementale du concept darwiniste de « l’effet réversif de l’évolution ».

En suivant une approche méthodique et structurée, ils seront guidés à travers deux grandes parties :

• Dans la première partie, le cours se concentre sur l’influence de Kant sur Darwin et explore la manière dont le darwinisme pourrait contribuer à une vision cosmopolitique de la paix. Il examine aussi la proposition de Patrick Tort concernant la naturalisation de l’idée de paix cosmopolitique, tout en se questionnant sur l’idée de l’exception humaine et les limites de l’explication par la sélection naturelle.
• Dans la seconde partie, le cours se penche sur les perspectives morales de la paix, en comparant la morale des sentiments à la morale déontologique. On explore les travaux de penseurs tels que David Hume et Adam Smith, tout en examinant les concepts kantiens de morale déontologique et les idées régulatrices qui sous-tendent l’approche kantienne de la paix. Enfin, le cours met en perspective la manière dont ces concepts peuvent contribuer à la réalisation de l’idée de paix éternelle en tant que tâche de l’humanité.

Objectifs

• Examiner en profondeur les fondements théoriques du darwinisme et du kantisme en ce qui concerne la possibilité de réaliser la paix éternelle, en analysant leurs points communs et leurs divergences.
• Comprendre le rôle de la sélection naturelle dans l’évolution de la société humaine et son impact sur la formation de la paix cosmopolitique, tout en évaluant les critiques et les limites de cette explication.
• Analyser les perspectives morales des sentiments sur la paix, en étudiant les travaux de philosophes tels que David Hume, Adam Smith et Emmanuel Kant, et en explorant comment ces perspectives peuvent contribuer à la réalisation de l’idée de paix éternelle.
• Évaluer les implications pratiques des discussions sur les déterminants de la paix, en examinant comment ces théories peuvent être appliquées pour promouvoir la paix perpétuelle et en encourageant la réflexion sur le rôle de l’humanité dans cette entreprise.

Acquis pédagogiques

• Une compréhension approfondie des principaux concepts et théories du darwinisme et du kantisme.
• La capacité à analyser de manière critique les arguments avancés par les penseurs darwiniens et kantiens concernant les déterminants de la paix, en évaluant leurs forces et leurs faiblesses respectives.
• Une connaissance des différentes idéologies morales sur la paix, notamment la morale des sentiments, et la capacité à comparer et à contraster ces approches pour comprendre leur contribution à la réalisation de la paix éternelle.
• Une mise en pratique des concepts théoriques étudiés dans le monde contemporain, en identifiant les implications pratiques des discussions sur la paix éternelle et en proposant des stratégies concrètes pour promouvoir la paix à l’échelle mondiale.

Modalités d’évaluation

L’évaluation de ce cours philosophique sur la paix perpétuelle et ses composants se déroulera en deux étapes :

• Un devoir de trois à cinq pages, en choisissant un sujet parmi ceux proposés.
• Un examen final de trois à cinq pages, en choisissant un sujet parmi ceux proposés.

Plan du cours

INTRODUCTION GÉNÉRALE

1. Le darwinisme, une théorie de la paix universelle ?

2. Comment naturaliser le cosmopolitisme ?

3. Méthode et axes de l’étude

I. DE LA CRITIQUE TRANSFORMISTE D’EMMANUEL KANT À LA NATURALISATION DE SON IDÉE COSMOPOLITIQUE

Introduction

1. Darwin, lecteur de Kant et historien de l’humanité malgré lui

1.1. Du fondement de l’anti-transformisme kantien

1.2. Vers la paix cosmopolitique du point de vue de l’évolution

1.3. Patrick Tort et la naturalisation de l’idée de paix cosmopolitique

2. L’effet réversif de l’évolution est-elle une idéologie de l’exception humaine ?

2.1. La spécificité humaine consiste-t-elle dans la culture/civilisation ?

2.2. Est-il évident que la culture-civilisation soit née par sélection naturelle ?

2.3. Darwin, défenseur de la thèse de l’exception humaine ?

3. De la limitation de la sélection aux limites de l’explication par celle-ci

3.1. De la valeur épistémologique de la sélection selon Darwin

3.2. Pertinence post-darwinienne de l’explication par sélection         

3.3. Des limites de l’explication par sélection

Conclusion

II. POUR UNE INTÉGRATION COSMOPOLITIQUE : MORALE DES SENTIMENTS VERSUS MORALE DÉONTOLOGIQUE

Introduction

1. Morale des sentiments et cosmopolitisme moral

1.1. « L’effet Darwin », un effet de perspective morale

1.2. David Hume : le jugement impartial, la justice familiale et au-delà

1.3. Adam Smith : le « spectateur impartial » est-il un citoyen du monde ?

2. Morale déontologique et cosmopolitisme juridique

2.1. Universalité morale, liberté, autonomie et responsabilité

2.2. De la « typique » d’une législation à validité universelle

2.3. Droit et éthique, conditions de passage de l’individu à la communauté

3. De l’existence et de la fonction des idées régulatrices

3.1. Des fictions heuristiques, pour quoi faire ?

3.2. Des vertus de la téléologie kantienne

3.3. De la vertu de l’idée de paix comme tâche de l’humanité

Conclusion

CONCLUSION GÉNÉRALE