Être chrétien
Que veut dire "être chrétien" ? Qu’est-ce qui peut nous éclairer sur le sens et l’originalité de la foi et de la vie chrétienne ? Se poser ces questions c’est chercher à définir sa manière existentielle d’être...
Code du cours: IN017
Professeur : Dr Jean Michel MaldaméPrésentation
Nous chercherons dans ce cours, à définir l'originalité de la foi chrétienne parmi d'autres, ou plus exactement à définir l'être chrétien, manière existentielle d'être. Cela touchera donc les exigences morales et pratiques. Nous commencerons par une considération eschatologique. La fin éclaire les commencements. Pour un regard extérieur, c'est toujours à partir de l'oeuvre achevée que l'on comprend les différentes phases d'un processus. Pour comprendre l'attitude chrétienne il faudra donc lire les textes qui parlent de la fin de l'histoire. Ils éclairent le temps présent car ils en disent le sens et la finalité.
La réflexion se place dans la perspective d'une articulation de la pratique chrétienne avec la lecture des Écritures. Il y a une relation de réciprocité entre ce qui est fait et ce qui est pensé.
Cela s'inscrit dans ce que l'on appelle le cercle herméneutique. Ainsi le texte biblique est lié à la pratique du peuple, son histoire. Celle-ci est éclairée par la parole qui lui est adressée : en ce sens la révélation précède la vie chrétienne et l'informe. Cette dimension est celle qui est constituée par la Loi et les Prophètes, loi où Dieu s'adresse à son peuple.
Mais il y a un retour : la pratique réfléchie est intériorisée ; l'expérience est source de savoir et celui-ci est assumé par les Écritures. Ainsi la Bible est à la fois le message venu d'ailleurs et l'écho de la vie des croyants, de même que la vie est éclairée par le texte biblique et que celui-ci est constitué par la mémoire des croyants.
Objectifs :
- Préciser ce que veut dire "être chrétien"
- Présenter le sens et l’originalité de la foi et de la vie chrétienne
- Se poser les questions pour définir sa manière existentielle d’être.
- Aborderl’eschatologie, puisque c’est la fin qui éclaire les commencements.
- Partir des textes qui parlent de la fin de l’histoire…
Acquis :
- Pouvoir présenter combien la pratique chrétienne s’articule avec la lecture des Ecritures
- Pouvoir montrer comment celle-ci s’incarne dans le temps, à l’exemple de Jésus
Validation :
- Un quiz de 10 questions
- Un devoir de 5 pages, en choissant un sujet parmi les trois qui sont proposés.
Auteur : fr. Jean-Michel MALDAMÉ, op ; Adaptation : fr. Michel VAN AERDE, op,
Plan du cours
1ère étape : L’attitude vis à vis des petits.
2ème étape : Qui est le fils de l’homme ?
3ème étape : Le Christ médiateur.
4ème étape : L’épreuve du temps humain
5ème étape : Quand Dieu entre dans le temps
6ème étape : La venue de Dieu.
7ème étape : Comment Jésus a-t-il vécu le temps ?
8ème étape : Jésus maîtrisait-il son temps ?
9ème étape : Le temps vécu chrétiennement
10ème étape : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… »
Une histoire sainte
Dans « l'histoire sainte », où pour Dieu « mille ans sont comme un jour », les justes sont tous contemporains. Ils vivent du même amour de Dieu, qui, selon l'image de l'Apocalypse, « les tient dans sa main » (Ap 1, 16) - comme on tient la main d'un enfant ou l'on serre une pièce d'or que l'on ne veut pas perdre.
Il y a donc une histoire de Dieu, parce qu'il a en face de lui un partenaire à la liberté imprévisible que son amour respecte. De même, lors de l'Exode, Dieu marche avec son peuple, sous la forme d'une colonne de feu, qui est lumière et nuée tout ensemble. Dieu est ainsi présent dans les événements qui tissent une geste ; sa présence culmine dans sa résidence dans le Temple, au coeur de la Terre promise, au coeur de la Ville sainte. Cette présence n'a rien de matériel ou de magique, car Dieu est surtout avec ses envoyés : les inspirés, les rois, les prophètes, les sages, les justes qui vivent de sa loi. Il est présent, comme le dit Pascal dans le texte cité plus haut, dans leur coeur.
On peut illustrer cette originalité de la Bible par ce conte que rapporte Martin Buber :
« Un jour, un maître célèbre reçoit des visiteurs et à brûle pourpoint leur demande : "Où est
Dieu ?". Ces visiteurs sont très surpris qu'un rabbin aussi savant leur pose cette question. Pour
eux, en effet, Dieu qui a créé le ciel et la terre se trouve partout chez lui ; il est donc présent
dans tout l'univers. Et le maître de répliquer : "Où est Dieu ? Il se trouve là où on le fait
entrer" [...] Dieu veut entrer dans son monde, mais c'est par l'homme qu'il veut y entrer. Voilà
le mystère de notre existence, la chance surhumaine du genre humain ».
L'eschatologie chrétienne et le mystère Pascal sont liés
L'eschatologie chrétienne n'est pas seulement la fin des temps : un scénario catastrophe, ou un scénario de tri entre les bons et
les méchants, mais une relation au mystère pascal. La notion d'eschatologie est une notion englobante à l'intérieur de laquelle se situe divers éléments.
L'Ancien Testament insiste sur le Dieu qui vient. De la venue de Dieu, le fidèle attend plusieurs choses.
• 1. Ce sera le Jour du Seigneur. Il sera à l'initiative de Dieu, et sera sa manifestation immédiate et incontestable.
• 2. Le jour sera un jour de jugement, récompense et châtiment selon la justice prévue dans le livre de vie. L'intervention de Dieu est un changement des relations entre les justes-élus et les nations.
• 3. Le bonheur en découle. Il y a une indécision sur ce point : est-ce un monde nouveau ou un royaume de mille ans ? Dans cette conception, la notion d'eschatologie est alors liée à celle de la venue de la fin.
Pour le Nouveau Testament, la fin est déjà venue dans la résurrection de Jésus. La fin est donc advenue et pourtant elle n'est pas pleinement manifestée. Il y a donc une situation paradoxale dans la vie présente. En effet, si l'eschatologie est un discours sur la fin, ce discours se construit à partir d'un événement qui a eu lieu.