Heidegger, le problème de la modernité (PHIL040)

Description

La véritable question de la modernité est de se demander, avec plus de précision, quels sont les présupposés qui permettent de penser la modernité et par quels instruments interprétatifs on peut arriver à en rendre compte ? Notre préoccupation dans cette étude sur « Heidegger et le problème de la modernité » sera de tenter de répondre aux questions suivantes : en quoi réside l’essence des Temps modernes ? En quoi cette essence voile-t-elle les essences des choses, de l’homme et de l’être ? Cette essence n’est-elle pas une essence d’épaisseur éthique ? Et, comment la méditation sur l’essence des Temps modernes peut-elle être une ouverture conciliante de l’ontologie et de l’éthique ?

Au fond, cette éthicité n’a-t-elle pas à être le lieu d’une réflexion sémantico-orientationnelle et responsabilisante ? La responsabilité n’est-elle pas la pleine mesure de la liberté humaine dans la dynamique de la quête du bonheur ? Le bonheur ne se situe-t-il pas dans un au-delà du règne de la technique, du nihilisme technologique, comme égalité d’âme ? Et, d’ailleurs, l’homme peut-il se disposer à la sauvegarde de la vie de l’étant et à la garde de l’être, en vue de remédier à l’occultation de la vérité de l’être, sans une présentification essentielle à lui-même en tant que libre et responsable ? Pour tout dire, quelle éthique possible pour la modernité à partir de la monstration de ses fondements métaphysiques ou prémisses ontologiques ?

Partant de cette idée, la voie indiquée pour conduire notre pensée est celle-ci : après avoir mis au jour les fondements métaphysiques de la modernité, à partir de la question fondamentale de la métaphysique — qui est celle de l’être comme tel — et de la problématique de son oubli, nous verrons comment, grâce à ce jet lumineux préalable, l’essence de la technique moderne se déploie aujourd’hui, en tant qu’exploitation organisée sans but du tout de l’étant manifestant le vide ontologique le plus total. Enfin, nous aborderons une réflexion sur la portée éthique de ce déploiement sous l’angle de la question du sens et de la responsabilité.

En résumé, « Heidegger et le problème de la modernité » est un cours qui offre bien plus qu’une étude historique de la philosophie heideggérienne. Il propose aux étudiants une grille de lecture pour comprendre le monde contemporain. À travers l’examen des idées de Heidegger, chacun est amené à porter un regard neuf sur la science, la technologie et sur nos manières de vivre à l’ère moderne. En s’interrogeant sur l’oubli de l’Être et sur la quête de sens, ce cours encourage aussi un développement personnel : il ne s’agit pas seulement d’assimiler des théories, mais de réfléchir à ce qui donne de la valeur à notre propre vie. Finalement, l’étude du problème de la modernité chez Heidegger montre que la philosophie peut éclairer des enjeux très actuels. Pour des étudiants du XXIe siècle, confrontés à des défis comme la sur-technologisation, les questions environnementales ou la recherche de sens au milieu d’une profusion d’informations, ce cours apporte des clés de compréhension essentielles.

Objectifs

1. Familiariser les étudiants avec la pensée de Martin Heidegger, en particulier sa lecture critique de la modernité.

2. Examiner les fondements métaphysiques de la modernité : comprendre comment la philosophie occidentale a évolué d’une question de l’Être vers une prédominance du sujet et de l’objectivité.

3. Analyser le rôle de la science moderne et de la technique dans la définition de l’époque moderne, et saisir ce que Heidegger entend par « essence de la technique ».

4. Engager une réflexion sur la dimension éthique de la modernité : questionner la notion de responsabilité humaine face au progrès technique et au nihilisme contemporain.

5. Développer l’esprit critique des étudiants quant à la relation entre le progrès (scientifique et technologique) et la perte ou la recherche de sens, afin qu’ils puissent articuler des réponses personnelles et éclairées aux défis du monde actuel.

Acquis pédagogiques

1. Expliquer les concepts clés de la philosophie heideggérienne liés à la modernité (tels que l’oubli de l’Être, la distinction entre Être et étant, le Gestell ou arraisonnement, etc.) et en montrer les enjeux.

2. Identifier les caractéristiques de la modernité selon Heidegger, notamment comment la période moderne se singularise par le règne de la raison calculante, de la science expérimentale et de la technologie planifiée, et en déduire les conséquences sur la façon dont l’homme perçoit la réalité.

3. Analyser de manière critique l’impact de la science et de la technologie modernes sur la condition humaine et sur la notion de sens : par exemple, être capable de discuter en quoi la vision techno-scientifique peut mener à une déshumanisation ou à un appauvrissement de notre rapport au monde.

4. Proposer une réflexion éthique informée par l’ontologie : l’étudiant saura articuler comment une meilleure compréhension de l’Être et de notre place dans le monde peut conduire à une responsabilité accrue, et il pourra illustrer cette idée d’éthique à fondement ontologique par des exemples concrets (comme le respect de la nature ou la maîtrise de la technique).

Modalités d’évaluation

L’évaluation de ce cours sur Heidegger, le problème de la modernité, se déroulera en trois étapes :

• Un quiz de synthèse pour évaluer les connaissances de base du cours.
• Un devoir de trois à cinq pages, en choisissant un sujet parmi ceux proposés.
• Un examen final de trois à cinq pages, en choisissant un sujet parmi ceux proposés.

Plan du cours

INTRODUCTION GÉNÉRALE

I. DES FONDEMENTS MÉTAPHYSIQUES DE LA MODERNITÉ

A. La question de l’être aux temps modernes

B. La mathématisation de la nature comme essence de la science moderne

C. La technique comme phénomène fondamental des temps modernes

II. L’ESSENCE DE LA TECHNIQUE COMME CHAMP RATIONNEL DE LA MODERNITÉ

A. La rationalité techno-scientifique moderne

B. La rationalité économico-sociale moderne

C. La rationalité politico-culturelle moderne

III. DE LA MODERNITÉ EN TANT QUE LIEU ÉTHIQUE

A. L’exposé fondationnel d’une métaphysique du sens

B. Le sens éthique des choses

C. Pour une éthique de la responsabilité

CONCLUSION GÉNÉRALE