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Moralité et bonheur chez Kant (PHIL039)

Moralité et bonheur chez Kant (PHIL039)

Depuis l’Antiquité, les philosophes ont cherché à expliquer la manière dont l’homme pouvait atteindre le bonheur. Ce cours aborde la question du bonheur et de la moralité chez Kant. Comment Kant conçoit-il la moralité et le bonheur ? Le bonheur est-il réellement accessible à l’homme ? Les conceptions des Épicuriens, des Stoïciens et d’Aristote voyaient dans le bonheur le bien ultime (Souverain bien). La conception de ces philosophes eudémonistes diffère de celle du philosophe allemand, qui met en avant le devoir moral et fait du bonheur un objet d’espérance.

Code du cours: PHIL039

Professeur : Marguerite Diarra

Description

Emmanuel Kant, dans sa philosophie morale, révolutionne la perspective des Anciens en écartant le bonheur comme fondement de la moralité. Il propose une éthique fondée sur le devoir moral et la loi universelle, tout en conservant le bonheur comme objet d’espérance. Selon Kant, la moralité se fonde sur l’impératif catégorique et sur la bonne volonté, qui guide les actions humaines sans considération pour leur utilité ou leurs conséquences.

Ce cours propose donc une réflexion approfondie sur la manière dont Kant articule moralité et bonheur. Comment peut-on comprendre sa critique des morales eudémonistes et son refus de faire du bonheur un principe moral ? Comment la moralité chez Kant prépare-t-elle l’homme à être digne d’un bonheur possible dans un contexte universel ?

Le cours s’organise autour de quatre axes principaux :

  • Les conceptions anciennes du bonheur et de la moralité : ce premier axe expose les différentes doctrines eudémonistes qui présentaient le bonheur comme le bien ultime. Les Épicuriens identifient le bonheur à l’ataraxie, une tranquillité de l’âme obtenue par la satisfaction des désirs naturels et nécessaires. Les Stoïciens, quant à eux, conçoivent le bonheur comme un état d’autonomie émotionnelle, atteint grâce à la vertu et à l’acceptation de l’ordre naturel. Aristote, dans L’Éthique à Nicomaque, définit le bonheur comme le résultat de l’exercice de la vertu dans une vie contemplative.

  • La critique kantienne des morales fondées sur le bonheur : Kant remet en question la possibilité de fonder la moralité sur le bonheur, qu’il qualifie d’idéal de l’imagination. Pour lui, le bonheur est un concept subjectif et empirique, difficilement définissable, car ses contours varient selon les individus. Ainsi, il critique les morales eudémonistes pour leur incapacité à fournir un principe moral universel. Le principe fondamental de la moralité, selon Kant, est l’impératif catégorique, qui prescrit : « Agis seulement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle ». La loi morale s’impose à l’homme comme un devoir a priori, indépendant de toute considération subjective.

  • L’union entre moralité et bonheur dans la perspective kantienne : bien que Kant distingue clairement moralité et bonheur, il conçoit leur jonction dans l’idée du Souverain Bien, où la vertu prépare l’homme à être digne du bonheur. Le bonheur devient ainsi un objet d’espérance, réservé à une vie future où moralité et bonheur se réconcilient grâce aux postulats de la raison pratique : Dieu, la liberté et l’immortalité de l’âme. Le cours mettra en évidence la nécessité des devoirs envers soi-même et envers autrui pour atteindre une vie morale, tout en préfigurant un bonheur commun.

  • Enfin, le cours se penchera sur l’actualité de la morale kantienne dans la société contemporaine : comment la moralité kantienne peut-elle répondre aux défis actuels ? Quelle place accorder à l’éducation et au sens de la responsabilité pour articuler moralité et bonheur dans un monde globalisé ?

En résumé, la philosophie morale de Kant propose une réponse originale à la question de la moralité et du bonheur. Elle s’oppose aux conceptions antiques en fondant la moralité sur l’autonomie de la raison et le devoir moral. Toutefois, loin de rejeter le bonheur, Kant en fait un objet d’espérance qui trouve sa place dans l’idée du Souverain Bien.

Ce cours invite les étudiants à une réflexion critique et approfondie sur la manière dont l’éthique kantienne peut servir de guide dans la recherche du bonheur individuel et collectif.

Objectifs du cours

  1. Présenter la conception des anciens sur le lien entre moralité et bonheur :

    Étudier comment les écoles antiques considéraient la vertu comme un moyen d’atteindre le bonheur et analyser leurs points communs et divergences.

  2. Analyser la critique kantienne des morales fondées sur le bonheur :

    Expliquer pourquoi Kant rejette le bonheur comme fondement de la moralité en raison de son caractère empirique et subjectif, et mettre en lumière sa recherche d’un principe moral universel.

  3. Expliquer l’union entre moralité et bonheur dans la philosophie kantienne à travers le concept du Souverain Bien :

    Démontrer comment la vertu prépare l’homme à devenir digne du bonheur, tout en explorant le rôle des postulats de la raison.

  4. Démontrer la nécessité des devoirs moraux envers soi-même et autrui pour préfigurer un bonheur commun :

    Illustrer comment les devoirs individuels (respect de soi) et sociaux (responsabilité envers autrui) jouent un rôle fondamental dans l’éthique kantienne.

Acquis pédagogiques

  1. Comprendre la notion de Souverain Bien :

    Les étudiants pourront expliquer ce concept chez les Anciens et comprendre son évolution dans la philosophie morale.

  2. Différencier les conceptions eudémonistes :

    Ils sauront identifier les doctrines des Épicuriens, des Stoïciens et d’Aristote sur le bonheur.

  3. Maîtriser le concept de devoir moral chez Kant :

    Les étudiants pourront expliquer l’impératif catégorique et la place centrale de la bonne volonté.

  4. Analyser la critique du bonheur comme idéal subjectif :

    Ils comprendront la méfiance de Kant à l’égard du bonheur comme guide moral.

  5. Démontrer l’actualité de la morale kantienne :

    Les étudiants pourront expliquer en quoi les préceptes kantiens restent pertinents pour aborder les enjeux éthiques modernes.

Modalités d’évaluation

L’évaluation de ce cours sur la moralité et le bonheur chez Kant se déroulera en deux étapes :

  • Un devoir de trois à cinq pages, en choisissant un sujet parmi ceux proposés.
  • Un quiz de synthèse pour tester les notions de base du cours.

Sommaire du cours

INTRODUCTION

I. LA MORALITÉ ANTIQUE ET KANTIENNE FACE À LA QUESTION DU BONHEUR

  1. Introduction partielle
  2. Le lien entre bonheur et moralité chez les Anciens
  3. La moralité kantienne et la question du bonheur
  4. Kant et la critique du bonheur en matière de moralité

II. KANT ET LA RECHERCHE DU BONHEUR

  1. Introduction partielle : dans le respect de la moralité
  2. De la nécessité de l’obligation morale
  3. Les devoirs, garants de la dignité humaine et prélude à l’avènement du bonheur commun
  4. La vie politique et la question du principe du bonheur
  5. Les critiques de la conception kantienne du bonheur et de la moralité

III. L’ACTUALITÉ DE LA MORALE KANTIENNE DANS LA QUÊTE DU BONHEUR

  1. Introduction partielle
  2. Les postulats de la raison pratique : lieux de jonction entre moralité et bonheur
  3. De la nécessité de l’éducation au service de la dignité humaine
  4. la responsabilité de l’Homme face à la création

CONCLUSION GÉNÉRALE