Domuni, une aventure « noosphérique »
Auteur: Revue « Noosphère », septembre 2021, n°15
GRAND ENTRETIEN
Avec le Frère Michel Van Aerde
Domuni, une aventure noosphérique
Le numéro 14 de Noosphère a été réalisé grâce aux échanges construits sur le long terme entre l’équipe Teilhard Monde et des amis de Teilhard de différents pays. Pour le numéro 15, le comité de rédaction a choisi d’interroger le Frère Michel Van Aerde, dominicain, sur l’aventure de Domuni, université en ligne dont il est actuellement le recteur après en avoir été le fondateur il y a 22 ans.
© decitre.fr/Noosphère n°15
Le comité de rédaction : Vous êtes le recteur d’une université originale et très avant-gardiste, internationale, multilingue, à distance… Quand vous l’avez lancée il y a 22 ans, vous avez fait figure de précurseur ! Une sorte d’aventure « noosphérique » ! Pouvez-vous expliquer pour nos lecteurs à la fois cette genèse et ce développement fulgurant ?
Fr. Michel Van Aerde : Au départ, il y a 22 ans, Domuni était un rêve. Ce qui a porté tout ça c’est une vision et le rêve est devenu réalité.
Quand Domuni a commencé, c’est Timothy Radcliffe qui était maitre de l’ordre dominicain. Il aimait bien inviter les gens à rêver avec lui : « rêvons ensemble ». C’est très intéressant d’imaginer, de rêver positivement. C’est une forme de foi. Vous connaissez Joseph, l’homme aux songes dans la Bible. Domuni fut effectivement un rêve au début, presque une forme de jeu. Et puis c’est devenu une start-up.
Je venais d’être élu provincial de Toulouse et je découvrais qu’il y avait des ressources démographiques importantes de jeunes frères bien formés mais que ce serait insuffisant par rapport aux besoins du monde et surtout de ceux qui sont éloignés. On a rêvé ensemble et nous nous sommes mis à écrire les projets. Le premier pas vers une réalisation a été fait par le frère Hervé Ponsot qui avait fait HEC. L’association Domuni a été fondée en 1999 par les deux provinces dominicaines françaises. Le premier site a été fait, le premier salarié, embauché.
La province dominicaine de Toulouse et la province dite de France (la dénomination est un héritage du Moyen Age) sont traditionnellement en stimulation réciproque. Réunir ensemble dans un même lieu les deux conseils provinciaux pour décider de la création d’une association et mettre en place un projet qui n’avait encore aucune réalité, ça paraissait totalement impossible. Et pourtant ça s’est passé ! Chacun a voté de son côté pour former une association commune. On s’est dit « c’est seulement dans la mesure où nous marchons ensemble qu’il y aura véritablement une institution, sinon nous tomberons dans un système de cooptation. Comme nous sommes un peu en rivalité, nous allons être exigeants pour le fonctionnement institutionnel. » Et ce fut le cas. Ce rêve s’est concrétisé tout doucement, dans l’ombre, car ce qui se passait sur Internet n’était pas visible pour tout le monde.
Quels étaient exactement les objectifs de Domuni quand vous l’avez créé ?
L’idée était de rejoindre, par le biais d’Internet, les étudiants éloignés des centres universitaires. Je venais de vivre 5 ans à Cusco au Pérou, à 3400m d’altitude. [Le frère Michel Van Aerde dirigeait alors une ONG de recherche-action, le Centre Bartolomé de Las Casas dans un contexte de grande misère après la guerre civile de Sendero Luminoso. Internet encore à ses débuts permettait de se relier aux centres d’étude et de communication les plus développés]. C’est dans la vision de la théologie latino-américaine que l’intuition de Domuni Universitas a germé : Domuni a ainsi été pensée depuis les plus pauvres et pour les plus pauvres. Avec Internet, l’enseignement dominicain, jusqu’alors réservé à quelques privilégiés, pouvait être accessible à chacun, partout dans le monde. La tradition dominicaine est fondée sur la transmission et l’échange. Sa rencontre avec une technologie basée sur un modèle d’échange horizontal était inévitable.
Cette initiative a pris racine au sein de l’ordre dominicain, ce qui n’est pas anodin. Tradition intellectuelle, type d’organisation, mission enseignante… pouvez-vous nous en dire davantage de l’enracinement de Domuni dans ce terreau et ce réseau d’action ?
Les dominicains ne sont pas homogènes, aucun groupe humain ne l’est. Mais, quand même, dans leurs gènes, ils se rattachent au courant démocratique du 13ème siècle. Ils sont fondés à Toulouse où il y a les capitouls ; à l’époque, dans les villes, les bourgeois s’organisent démocratiquement contre la noblesse. D’autre part, Dominique[1] envoie ses frères à l’université ; à l’époque il y a encore peu d’étudiants et un professeur est anglais. Donc premièrement la démocratie, deuxièmement l’université, troisièmement l’international, trois points structurants et fondamentaux. Cela représente une rupture avec le féodalisme, avec le modèle bénédictin patriarcal dans son organisation. Chez les Dominicains, tout est démocratique depuis la base. C’est le seul ordre dans le catholicisme où le maitre de l’ordre n’est pas confirmé par le pape. Derrière ce modèle, il y a une théologie implicite, à savoir que l’Esprit ne vient pas d’en haut mais plutôt d’en bas. C’est l’Evangile de la fraternité, à vivre pour pouvoir en témoigner. Tout baptisé a reçu l’Esprit et il n’a pas besoin d’être protégé par un supérieur qui le prendrait en charge ; le prieur n’est pas un supérieur mais un frère animateur. Le prieur remplace le père abbé du modèle bénédictin ; il n’est pas élu à vie mais pour un temps limité et avec des contre-pouvoirs, les conseillers, le chapitre conventuel. C’est une démocratie en acte. Cette expérience vécue va permettre de penser différemment. Par exemple Francisco de Vitoria[2] en Espagne peut être considéré comme le fondateur du droit international ; il enseignait à Salamanque (une salle porte son nom à l’ONU). Il y a donc, dans la vie fraternelle évangéliquement organisée, un souffle particulier dont on n’est pas obligatoirement conscient au début, il faut du temps pour découvrir cet héritage.
Lors du lancement de Domuni, les étudiants ont fait confiance, tout marche par la confiance. Ils avaient confiance dans les dominicains pour enseigner la théologie. Presque comme si tous les professeurs de Domuni étaient des Thomas d’Aquin ou, plus proche de nous, des Marie Dominique Chenu ou des Yves Congar. Comme si tous les biblistes avaient fondé l’Ecole Biblique de Jérusalem, comme si tous les juristes étaient des Francisco de Vitoria ou des Bartolomé de Las Casas (fondateur des Droits Humains).
En fait, quand on est à distance, on est un peu hors de l’espace et donc aussi un peu hors du temps, un peu tous dans le même espace, concentré, et tous dans le même temps, tous contemporains. La tradition est à portée de main, les grands hommes, les grandes femmes aussi. C’est la communion des saints et ici une communion intellectuelle. Saint Paul disait que tout serait « récapitulé » dans le Christ, « anaképhalésastai », concentré, rassemblé. On en fait comme une expérience anticipée.
Comme je l’ai dit, l’Ordre dominicain, l’Ordre des Prêcheurs, est une démocratie décentralisée et cela depuis 8 siècles, et c’est particulièrement adapté à l’Internet. Il s’agit d’un réseau de communautés, un réseau de centres d’études, un réseau de frères et de soeurs, un réseau d’amitié. Cela déborde les frontières, les langues, les sensibilités. Et tout cela s’est mobilisé, peu à peu, pour nourrir Domuni d’une quantité de ressources pédagogiques de première qualité.
Tout de suite, Domuni a reçu les encouragements des chapitres généraux, ils ont lieu tous les trois ans, et donc le soutien des maîtres de l’Ordre successifs, à commencer par Timothy Radcliffe qui a béni les commencements, en continuant avec Carlos Aspiroz, puis avec Bruno Cadoré qui était lui-même président de Domuni au moment d’être élu. Aujourd’hui le président de Domuni est le frère Jean Jacques Pérennès, le directeur de l’Ecole Biblique et Archéologique Française de Jérusalem. En Suisse, c’est le frère Guido Vergauwen qui a été, pendant une décennie, recteur de toute l’université de Fribourg. Domuni est un réseau qui s’enracine dans tout l’ordre dominicain. Il y a des professeurs frères et sœurs sur tous les continents, en Inde, en Afrique, en Australie, en Amérique du Nord et du Sud et bien sûr partout en Europe, sans oublier le Moyen Orient puis que nous enseignons en français, anglais, espagnol, italien et aussi arabe.
Et puis ce rêve, nous lui avons donné corps. Et il est devenu réalité. C’était totalement innovant au départ, en 1999, les français découvraient Internet, après le minitel… Nous étions seuls. Certains pensaient que c’était impossible. Mais les premiers étudiants y ont cru. Particulièrement parce qu’il s’agissait de théologie et qu’en France, la théologie ne permet pas d’avoir un métier, c’est un luxe, on le fait par passion, sans s’inquiéter du diplôme, ni des notes ni des examens. Le nombre des étudiants a grandi, celui des professeurs aussi, et l’on a pu constituer un mastère, puis plusieurs, puis avoir les cours nécessaires pour créer la licence de théologie. La part de bénévolat était considérable. Elle l’est toujours. Les étudiants sont motivés, du coup les professeurs aussi, et cela produit de la qualité. Les études sont payantes mais à un coût très modique, et il y a un système de bourses pour que le manque de ressources ne soit pas un obstacle pour étudier.
Vous avez parlé de « start-up » en parlant des premiers pas de Domuni. Comment son évolution s’est-elle passée ?
Domuni est une entreprise, ça doit être mieux qu’une entreprise mais c’est d’abord une entreprise. Nous ne recevons aucune subvention de quiconque. On a recherché un modèle économique qui permette la survie du christianisme alors que l’on assiste à un effondrement des institutions. La « cause matérielle » comme diraient les thomistes ou les aristotéliciens est essentielle. Si on n’est pas économiquement équilibré, personne ne viendra nous aider.
Nous avons adopté un modèle « low cost » de qualité. Je suis un peu « théologie de la libération » et pour moi, ce sont les pauvres qui sont les moteurs de l’histoire. Quand on met en commun les ressources limitées de chacun, on obtient l’abondance. Le développement de Domuni montre que ça marche. Equilibrer ses comptes permet d’investir et d’aider à la coopération : nous venons de signer cette année des accords avec l’université Notre Dame de Haïti, avec l’Université de l’Assomption du Congo, avec l’université d’Uélé en RDC, avec Tangaza University au Kenya, avec l’Université saint Dominique de l’Afrique de l’ouest fondée au Burkina Faso, avec les jésuites de l’Université Saint Joseph de Beyrouth, avec l’Université del Norte Santo Tomas en Argentine …
On vient de créer une business-school avec 4 mastères très variés plus un mastère « économie et développement » et un mastère « éthique économique », et tout cela en mettant en commun nos ressources. Les professeurs ont donné leurs cours gratuitement, j’en suis ébloui. Ils ont fait la mise de fonds, après ils auront des corrections. On est dans ce monde-là, solidaire et intelligent. Cela marche et c’est très encourageant.
Venons-en à Teilhard. Pourquoi avoir proposé – piloté par le frère Jean-Michel Maldamé [3] – un cours sur Teilhard ?
J’ai entendu parler de Teilhard par ma grand-mère et ma mère qui l’avaient lu aussi. Teilhard a illuminé toutes mes études, à commencer par mes études d’agronomie. J’ai commencé à le lire en terminale, puis en classe préparatoire, j’ai fini de lire les œuvres complètes au début de ma deuxième année d’élève agronome. J’étais responsable de la vinification de la cave coopérative de Vendargues, à côté de Montpellier et je passais mon temps libre sur le toit de la cave coopérative, avec les livres de Teilhard, que j’annotais scrupuleusement. Sous mes fesses convergeait la vendange de toute la vallée, je voyais au loin les vendangeurs et les tracteurs qui amenaient les bennes vers moi. J’étais un point de convergence. Il y avait une analogie avec ce que je lisais, c’était cosmique. J’ajouterai que cette année-là le vin a été très bon et que j’en ai été félicité.
J’ai été disciple d’un dominicain qui avait fait sa thèse de théologie sur « le Christ chez Teilhard ». Il l’avait rédigée alors que les documents circulaient encore clandestinement sur des feuilles ronéotypées. C’était Jacques Martin (il y a beaucoup de Jacques Martin !) qui a été mon aumônier à l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpelier. Il était aussi docteur en droit. C’était un homme très intelligent mais malheureusement il n’a écrit aucun article sur Teilhard. J’avais déjà découvert Teilhard avant mais il faisait des exposés aux étudiants de manière très structurée. On a toujours un mentor privilégié.
Le souffle qu’apporte la vision de Teilhard, c’est l’insistance sur le sens. On parle du sens de la vie comme d’une affaire intellectuelle : cela a du sens… Pour lui, pour le chrétien, c’est bien plus. Il y a du sens parce qu’il y a une direction. Le monde est habité par une histoire et cette histoire va quelque part. Pourquoi ? Parce qu’il y a une promesse.
Cela, analogiquement, Teilhard le découvre dans l’évolution. L’univers est en mouvement, il va vers l’unité. Et l’uni-vers évolue, depuis des milliards d’années. C’est scientifiquement prouvé. Et l’évolution va vers plus d’organisation, plus de complexité, plus de conscience, plus d’unité aussi. Teilhard aurait jubilé à constater ce qu’on appelle aujourd’hui la mondialisation. Celle qu’il a connue, c’est celle des guerres mondiales et de la colonisation… Mais il y percevait malgré tout, dans son très beau livre « Ecrits du temps de la guerre », une montée vers une prise de conscience collective. L’humanité doit prendre en main son destin. On le voit bien aujourd’hui avec les enjeux de l’écologie, de la pandémie et de l’économie.
Teilhard, c’est un scientifique et un visionnaire. C’est un mystique au grand sens du mot. Et c’est un poète. Il a de très belles images, il écrit remarquablement. Sa vision est très biblique, historique, incarnée, et pleine d’espérance et de foi, en dépit des circonstances terribles qu’il doit traverser. Il écrit dans les tranchées de la guerre de 14. Il est quasiment exilé parce que ses idées sont trop nouvelles pour être acceptées. Il est interdit d’enseignement, interdit de publier, mais rien de l’arrête car ce qu’il voit, il veut le communiquer. C’est un prophète. Il m’a beaucoup apporté et je peux vous dire, vous en avez d’ailleurs l’expérience, qu’il n’y a rien de beau, rien de grand, qui ne coûte une certaine dose de souffrance, d’injustices à supporter, de blocages à contourner, de jalousies etc. Teilhard est un génie intellectuel, c’est aussi, à mon avis, un grand saint. Il y a des saints qui ne sont canonisés que des siècles après leur mort, ce sera le cas de Teilhard. Après tout Jeanne d’Arc, brûlée en 1431 n’a été canonisée qu’après la guerre de 1914, en 1920 ! Teilhard un jour sera pleinement reconnu. C’est un grand contemplatif et sa vision du mystère du Christ est finalement très classique, très proche de celle des pères grecs. Mais il vivait avant le Concile Vatican II et l’époque était terrible.
Après, j’ai été aumônier d’étudiants et je les ai initiés à la pensée de Teilhard. Il est important qu’il y ait du crédible, du pensable si on veut être croyant. Il fallait donner à imaginer aux étudiants le monde dans lequel ils vivent qui est un monde en évolution, historique, qui vient de très loin, qui va très loin, qui passe par nous et qui nous entraine. C’est ce que j’appelle la mystique : se sentir partie prenante d’un mouvement. Ce n’est pas simplement du moralisme : « il faut, il faut » … Il s’agit plutôt de montrer le sens de la vie et de la joie. J’utilisais un texte de Teilhard qui me paraissait bien résumer sa pensée : « ma perspective phénoménologique du monde[4] ». Il y en a deux pages ; la première partie n’a pas besoin de la foi : il montre comment de façon évidente il y a dans ce monde une évolution donc un sens, une direction. Je le stylise un peu pour le dire très rapidement ; il y a eu différentes étapes. Puis, il se dit comment est-ce possible ? Et il introduit à la révélation : est- ce que ça pourrait aller jusqu’au bout s’il n’y avait pas quelque chose qui nous attire ? si le résultat n’existait pas déjà avant qu’on y soit arrivés : c’est le problème de l’eschatologie si on utilise les termes théologiques, le Christ est déjà ressuscité et en même temps nous allons vers lui.
Domuni a pour vous été une « aventure noosphérique ». Où en est-elle aujourd’hui ? Quel bilan faites-vous ? Quelles évolutions envisagez-vous ?
Nous avons fonctionné selon un mode expérimental, nous avons fait l’expérience de l’action et nous nous sommes adaptés aux diverses réalités rencontrées.
J’ai fait de la philo avec un philosophe qui est devenu chrétien plus tard, un phénoménologue de Montpellier, Michel Henry. Il explique que la praxis, l’action est révélatrice. C’est en faisant que l’on découvre. Ça a été un peu le principe de Domuni.
Nous avons fait l’option au départ de dire : il faut que les chrétiens puissent accéder à l’intelligence de la foi mais, dans certains cas, nous ne le contrôlons pas ; ça se fait à distance, il y a une forme de dépossession qui gêne certains profs car ils aimeraient avoir un auditoire même si, bien sûr, ils corrigent les devoirs. C’est une forme de révolution que de transmettre un savoir qui, avant, était réservé à quelques-uns et qui, maintenant, est accessible à tous. N’est-ce pas urgent ? On voit bien que ça craque de partout.
Une autre option de départ a été celle de l’écrit. Nous avions reçu plusieurs avis divergents, certains prônant l’usage des vidéos. Mais les vidéos, ça ne va pas pour les pauvres, pour des raisons techniques. En bien des endroits, la qualité de la connexion n’est pas suffisante. En discutant avec des amis jésuites, nous avons constaté que l’écrit est le moyen le plus précis et le plus rapide pour transmettre une connaissance. Nous avons délibérément, philosophiquement, choisi l’écrit comme base. Après tout, on est du monde de l’écrit avec la Bible et tous les écrits philosophiques. Heureusement que Thomas d’Aquin n’a pas cédé à la tentation de brûler ses œuvres, même s’il les considérait comme « de la paille » !
D’autres choix expérimentaux ont été faits : celui d’une plateforme Moodle gratuite qui marche très bien et qui permet un rapport différent au temps et à l’espace, au synchrone et à l’asynchrone.
Vous étiez particulièrement bien préparés pour affronter les problèmes engendrés par la pandémie !
Oui, les universités, dans l’urgence, ont pensé qu’elles pouraient directement transposer les cours du présentiel en distantiel de manière synchrone par du streaming mais ce n’est pas si simple. A Domuni, au tout début, nous avons fait l’effort d’entièrement repenser la pédagogie en amont, en fonction d’un media nouveau, avec en particulier un autre rapport à l’espace et donc, un autre rapport au temps.
Le covid 19 est venu bousculer les choses : pour nous, cela a entraîné une augmentation d’activité de 84 %. Il y a eu un autre facteur de croissance : les bourses qu’on a données, permettant un accès gratuit à tout une série de cours à certains étudiants qui ont pu s’inscrire sur notre plateforme. Actuellement, nous vivons un véritable basculement. Comme je l’ai dit précédemment, nous recevons des demandes de la part d’universités pauvres, en Argentine, Haïti, Liban, Congo, Kenya, Burkina Faso … ce qui veut dire que nous commençons à travailler, non plus seulement en direct avec nos étudiants, mais aussi par le biais d’universités partenaires. On est en train de changer de modèle, de passer par un « seuil critique », c’est aussi teilhardien.
La part du bénévolat est considérable mais le ressort du bénévolat est la motivation. Domuni est une expérience qui communique de l’enthousiasme. C’est une manière de vivre la mondialisation qui aurait passionné Teilhard.
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[1] Dominique de Guzman, fondateur des Dominicains (c.1170-1221).
[2] Francisco de Vittoria, dominicain théologien et juriste de l’Ecole de Salamanque (c. 1480-1546).
[3] Jean-Michel Maldamé, de formation universitaire à la fois philosophique et scientifique (mathématiques et philosophie des sciences), est docteur en théologie.
[4] Nous le publions ci-après [NDE].