La vie plus forte que la mort – un mois avec des chrétiens en Syrie
Yaël Jeanblanc
Patrice Sabater, cm
Parmi les nombreux livres qui traitent de l’orient chrétien ou de la situation géopolitique au Proche et Moyen-Orient, les Editions des Béatitudes présentent le Journal de Bord d’une chrétienne, cadre éducatif, qui a été marquée par le martyre des 21 coptes assassinés en janvier 2015 par Daesh. C’est un coup de tonnerre dans sa vie « ordinaire » et assez tranquille… Le moment est daté. Le 2 juillet 2016, Yaël Jeanblanc se décide à faire quelque chose pour soutenir les Chrétiens d’Orient, et peut-être tout simplement sensibiliser les Français de ce qui se vit à Maaloula, en Syrie. Elle décide de partir sous la houlette d’une association française SOS Chrétiens d’Orient. Elle s’en va un mois (du 14 juillet au 11 août). Ce départ coïncide avec le terrible attentat le jour de la Fête Nationale, le 14 juillet 2016. Dès à son arrivée, son taxiteur lui parle de Nice. D’autres le feront encore au cours de son séjour… Ce Journal de bord personnel et intime ne devait pas faire l’objet d’un livre, et c’est bien la lecture de ce dernier qui fait réagir par mail une de ses amies… Pourquoi pas un livre après tout ?
Au fil de ces pages, on lit le témoignage d’une femme qui essaye de se mettre au service de plus faibles, de plus démunis, de plus pauvres touchés par la guerre, la peur, la faim…, l’épouvante. Maaloula, un des derniers villages comme celui de Sednaya où l’on parle encore l’araméen, a été le théâtre de l’horreur, du cri de ceux qui souffrent, de morts, d’enlèvements, de destructions de lieux saint : icônes très anciennes, églises profanées… Là, elle y rencontre Abouna Toufic, le pasteur de ce petit village dans les environs de Damas… L’expérience est forte.
On ne demandera pas à ce livre autre chose que ce qu’il est : un témoignage.
Ce que nous retiendrons de cette expérience d’un mois, c’est la volonté de vouloir ouvrir son cœur, ses yeux et ses bras. La volonté d’être là pour écouter et de dire à son frère syrien combien sa présence et sa vie sont importantes là où Dieu l’a mis, et où il désire de tout son cœur rester. Un mois, cela suffit-il pour faire le tour de ce qui se passe en Syrie et au Proche-Orient d’autant plus quand l’expérience est assez limitée dans l’espace ? Assurément pas. Pour autant, cela peut motiver d’autres personnes – jeunes et adultes – de vouloir partir, de s’engager un temps en Syrie ou en Irak… Cela peut donner aussi envie de rejoindre le Liban, la Terre Sainte, la Jordanie ou l’Egypte également. Il y a tant de demandes et de désespoir ! Cette expérience peut également favoriser d’agir là où l’on vit…, tout simplement !
Le livre se termine sur la prière à la Vierge Marie (Je vous salue Marie), en arabe. Yaël prie aujourd’hui la Mère du Christ Jésus avec les mots appris en Syrie, et en se remémorant tous « ces visages qui sont maintenant gravés dans mon cœur et dans mon âme », dit-elle. La prière que nous connaissons par cœur nous est présentée, ici, dans sa version arabe. Il est fort à douter que le lecteur lambda ne puisse pas lire ces mots ! Peut-être, aurait-il fallu ajouter sa traduction phonétique pour que l’on puisse s’associer à cette prière. Un livre. Un témoignage…, et puis la décision d’agir. Alors pourquoi pas vous ?
Père Patrice Sabater, cm
8 mai 2017
Yaël Jeanblanc, La vie plus forte que la mort – Un mois avec des chrétiens en Syrie. Ed. des Béatitudes. Janvier 2017. 116 pages. 12 €