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Marie Monnet, Homo viator, la libre circulation des personnes entre ancienne et nouvelle mondialisation

2 octobre 2014 | resena
Marie Monnet, Homo viator, la libre circulation des personnes entre ancienne et nouvelle mondialisation

Recension par Yves Guisan, de l'ouvrage de Marie Monnet, Homo viator, la libre circulation des personnes entre ancienne et nouvelle mondialisation, Le Cerf, 2014.

Marie Monnet, Homo Viator, Le Cerf, Paris, 2014.

Dans son livre Homo Viator, Marie Monnet procède à une analyse détaillée de la notion de « libre circulation des personnes » sur le plan historique, moral, théologique, juridique, économique et politique. La mobilité fait partie de la dignité humaine à laquelle ont appelé les dominicains Bartholomeo de Las Casas et son confrère théologien et juriste Francisco Vitoria, professeur à Salamanque, l’un et l’autre profondément choqués par les exactions des conquistadores sur les Amérindiens. La question de la dignité de l’homme au titre de droit naturel et le passage au droit positif feront l’objet du « Ius communicationis » de Francisco Vitoria qui conduira Charles Quint à prendre des mesures légales effectives pour les protéger.

Cet ouvrage de Franciso Vitoria va marquer les générations suivantes. Hugo De Groot, dit Grotius, avocat néerlandais, développera sa réflexion et ce que Francisco Vitoria lui suggère entre autres dans un traité nommé « Mare liberum » (1606). Cette démarche apparaitra aussi au XVIIe s. chez le philosophe anglais John Locke, mais cette fois-ci avec la liberté comme première préoccupation. La pensée de Francisco Vitoria sera reprise aussi dans l’ouvrage du dominicain juriste et diplomate Joseph Thomas Delos « La Société internationale et les principes du droit public » publié en 1929.

La deuxième guerre mondiale, la nécessité d’approfondir la question des rapports entre nations et de développer une collaboration internationale institutionnalisée débouche sur la charte des Nations unies et des organisations affiliées comme l’OIT ou le BIT, ainsi que les principes qui animent le Traité de Rome et l’Union européenne. La libre circulation est un élément essentiel sur le plan économique d’abord (John M. Keynes !), politique ensuite. C’est là qu’apparaissent les principales difficultés.

Marie Monnet retrace ces éléments de manière systématique en s’appuyant sur une documentation considérable et bien mise en évidence. Les différents aspects de la dignité humaine au travers de la libre circulation sont bien mis en évidence avec Francisco Vitoria en arrière-pensée, mais sans s’étendre toutefois sur les problèmes concrets que pourraient causer les déséquilibres de l’immigration.

C’est une synthèse absolument remarquable d’histoire, de philosophie, de droit et d’économie autour d’un problème fondamental de notre temps et de tous les temps, dont la lecture s’impose.

 

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