Nathalie Bruyère : Miroir juif des évangiles
Auteur: Nathalie Bruyère
Recension parue dans la NRT 142 / 4 (2020), page : 666
Recenseur : Didier Luciani
La publication du Jewish Annotated New Testament (A.J. Levine, M. Zvi Brettler (éd.), Oxford, 2011) représente à la fois un événement important du point de vue symbolique (un NT annoté par des juifs) et une étape modeste du point de vue du contenu (un NT seulement annoté, mais pas vraiment commenté). La sortie d'une seconde édition révisée et largement augmentée (2017) atteste, en tout cas, de la large réception et de l'utilité de l'ouvrage (désormais JANT). Le livre de Nathalie Bruyère (produit dérivé d'un master en théologie de l'Université en ligne Domuni) permet de resituer cette étape dans un cadre historique plus large (chap. 1 : « La réception juive de Jésus et du Nouveau Testament »), d'en préciser les exigences méthodologiques, heuristiques et herméneutiques (chap. 2 : « Peut-on utiliser les sources juives pour annoter le Nouveau Testament ? ») et enfin, de décrypter les présupposés et les objectifs des auteurs de ce JANT (chap. 3 : « Quel est le message des notes du JANT ? »). L'auteure discerne ainsi quatre critères guidant le travail d'annotation : 1) les évangiles appartiennent à la littérature du second Temple ; 2) de nombreux clichés sur le judaïsme du NT doivent être réfutés ; 3) certaines péricopes doivent être relues à la lumière du principe selon lequel Jésus aurait observé le « judaïsme commun » ; 4) en conséquence de ce qui précède, la « ligne de partition » entre judaïsme et christianisme peut être mieux esquissée. Sans remplacer la consultation directe du JANT et sans être tout à fait originale, cette troisième partie – bien que parfois un peu brouillonne – est la plus éclairante et la plus fraîche de l'ensemble. C'est aussi, avec la conclusion théologique qui en découle (chap. 4 : « Une théologie en miroir »), celle qui – entre rupture et continuité, affirmation d'un inachèvement dans l'accomplissement – posera le plus de questions et laissera le lecteur sur sa faim. L'ouvrage n'en constitue pas moins une introduction qui pourra rendre service. — D. Luciani