Nos racines juives
Pasteur Antoine NOUIS
Père Patrice Sabater, cm
Lors du 50ème anniversaire de la Déclaration conciliaire Nostra Aetate sur les relations de l'Église catholique avec les religions non chrétiennes, le Pape François avait rappelé en juin 2015 que ce dernier était perçu et admis définitivement comme étant les racines juives du christianisme.
Il avait poursuivi sur les ondes de Radio Vatican en s’exprimant: « Les confessions chrétiennes trouvent leur unité dans le Christ, le judaïsme trouve leur unité dans la Torah. Les chrétiens croient que Jésus Christ est la Parole de Dieu qui s’est fait chair dans le monde ; pour les juifs la Parole de Dieu est présente surtout dans la Torah (…) les deux traditions de foi ont pour fondement le Dieu unique, le Dieu de l’Alliance qui se révèle aux hommes à travers sa Parole. Dans la recherche d’un comportement juste envers Dieu, les chrétiens se tournent vers le Christ comme source de vie nouvelle, les juifs vers l’enseignement de la Torah. ». Il reprit en quelque sorte les positions de ses prédécesseurs sur le Siège de Pierre. C’est aussi le sens qu’avait voulu donner le Pape Jean-Paul II en se déplaçant à la synagogue de Rome… quelques mètres à faire pour combler deux mille ans d’incompréhension. Le livre du Pasteur NOUIS est dans cette optique.
Le christianisme plonge ses racines dans le judaïsme. C’est là sa terre de naissance, ses origines, son essence en quelque sorte. Le christianisme est donc à la fois l’héritier et le prolongement. Mieux encore, la Première Alliance se verse dans la deuxième Alliance pour ne faire qu’un seul fleuve. « La particularité du christianisme est qu’il n’est pas sa propre origine, il est porté par une racine qui lui est étrangère ».
Depuis le Deuxième œcuménique du Vatican, l'Église proclame que son identité chrétienne est reçue du peuple juif. L’Eglise reconnaît, dans le même mouvement, qu'Israël est le Peuple élu, ainsi que la judéité de Jésus. Le Christ que confessent les chrétiens est à la fois le point de jonction et le point de rupture. Cette déchirure théologique, spirituelle et culturelle permet-elle la rencontre ? La féconde-t-elle ou bien est-elle définitivement close et étouffée par tous les rebonds de l’Histoire ainsi que les mésententes entre les deux frères d’une même terre ?
Le livre du Pasteur Antoine NOUIS nous invite à retrouver nos racines profondes Pour l‘auteur, « croire que Jésus de Nazareth est la réalisation d’une attente qui a été portée par des générations de croyants » est un incontournable… Alors, « Si Jésus n’est pas le fruit de cette attente, tout le Nouveau Testament est mensonge. »
L’auteur nous stimule à retrouver les soubassements de la foi chrétienne en faisant entrer le lecteur dans la tradition prophétique dans laquelle s’inscrit le jeune rabbin Jésus de Nazareth. L’approfondissement scripturaire vétérotestamentaire, la lecture des Pères (du Judaïsme), du Talmud donnent une nouvelle épaisseur à la foi que le chrétien confesse. Ce livre explique encore les tensions théologiques et spirituelles entre deux conceptions du rapport de l’Homme-croyant à l’Unique, au Temple, au Livre, aux choses dernières…, au Messie lui-même.
Ces quelques pages nous aident également à développer les relations avec le Judaïsme, la rencontre avec nos frères juifs, et permet aussi de gommer les erreurs commises et répandues qui ont faussé et terni nos relations. Il y a donc là un regard nouveau qui permet sans doute ce regain d’intérêt pour entrer plus profondément dans le « Mystère d’Israël », et partager avec nos frères juifs leur amour du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob… nos Pères et Patriarches dans la foi. A lire…
P. Patrice SABATER, cm
Antoine NOUIS, Nos racines juives. Editions Bayard. Paris, mars 2018. 150 pages. 14,90 €