Palestine. Un peuple qui ne veut pas mourir.

Auteur: Patrice Sabater
Alain Gresh, Palestine. Un peuple qui ne veut pas mourir. Coll. Poche +. Éditions. Les Liens qui Libèrent. Paris, 2025. 192 pages. (9,90 €) - Edition actualisée 2025.
On écrit souvent dans l’urgence, et la rapidité avec laquelle les évènements se succèdent invitent parfois à reprendre et à préciser ce que l’on avait mis par écrit quelques mois ou quelques années auparavant. C’est ce que font les « Éditions Les liens qui Libèrent » en publiant sous un format poche l’ouvrage d’Alain Gresh. Cette édition est actualisée en fonction des évènements autour du 7 octobre 2023, et la Préface d’ailleurs en est la trace la plus immédiate. L’Histoire s’écrit sous nos yeux sans que la Raison et le Droit puissent être des remparts forts. Depuis l’offensive israélienne contre Gaza après les exactions barbares du Hamas l’impunité semble totale à l’endroit d’Israël. Les résolutions de l’ONU sont impuissantes. L’Occident, en général, s’est rangé aux côtés d’Israël à juste droit mais n’en n’a pas fait autant envers les Palestiniens à l’occasion des tueries perpétrées dans la bande de Gaza. Des positions multiformes au gré des intérêts de chacun qui creuse un fossé de civilisation entre le Nord global et le Sud global. Les Juifs ont subi une terrible injustice ; mais les Palestiniens ont payé pour ces crimes commis par des Européens.
Les échecs répétés au processus politique et diplomatique laissent la colonisation et ses dérives poursuivre leurs œuvres de déconstruction et d’annihilation du Peuple palestinien en même temps qu’il « droitifie » de plus en plus la société israélienne. La situation politique et sociétale est telle que ces évènements ont été un accélérateur dans la rhétorique d’une confrontation civilisationnelle avec les « barbares » … forcément Palestiniens ! Ce peuple particulier est-il capable (lui aussi) de sentiments positifs ou faut-il complètement l’ostraciser et le considérer définitivement dans sa globalité comme « barbare » ? (ndlr)
Comme aime à le rappeler Alain Gresch « les stratégies des mouvements de soutien aux Palestiniens semblent assez éclatées. Certains se battent pour l’égalité des droits entre les citoyens d’un même État. D’autres en faveur de l’autodétermination des Palestiniens. D’autres pour la création d’un État palestinien. D’autres, enfin, pour le respect du droit international. Ça fait beaucoup d’objectifs pour ce combat. L’idée d’une solution par la formation d’un seul État plurinational sur l’ensemble du territoire a émergé. Mais force est de constater que ceux qui portent cette solution brandissent bien souvent le drapeau palestinien et parlent de Palestine. Un tel projet politique, s’il devait être soutenu, ne peut être incarné ni par le drapeau palestinien ni par le drapeau israélien ».
Il est difficile d’avoir une idée claire au sujet d’un État unique viable, reconnu et « mesurable » sur le terrain tant le territoire palestinien est morcelé tout comme les deux sociétés israélienne et palestinienne. Un des problèmes reste l’éclatement de la société palestinienne, du mouvement palestinien et des principaux dirigeants. Le Fatah de Yasser Arafat est divisé. Mahmoud Abbas, actuel Président et issu de cette mouvance politique, est considéré par la plupart des Palestiniens comme un collaborateur et l’Autorité palestinienne comme un instrument aux mains d’Israël. Cette même Autorité est également discréditée en raison de corruption et de « détournement » de fonds… Vérité ou intox ?!? Le Hamas a acquis une popularité mais est discrédité aujourd’hui par la majeure partie des palestiniens. A l’heure actuelle, les chemins vers la Paix et la résolution pour un Accord durable et une reconnaissance de l’État de Palestine est plus que jamais bloqué. La reconduction de Benjamin Netanyahou et la réélection de Donald Trump ne font qu’accélérer cette dynamique vers le pire. C’est à cet ensemble de faits et à ce narratif que l’auteur s’attache à répondre dans ce livre actualisé pour une meilleure compréhension de ce qui se joue dans le cœur et dans la résilience palestinienne confrontés au désespoir d’un peuple qui craint pour son avenir, et « qui ne veut pas mourir ». À lire… bien sûr !!!
PS : On peut se reporter à ma recension écrite l’an dernier au sujet de la première édition du livre d’Alain Gresh : ici