Témoins de Paix en Palestine
Auteur: Préface de Dominque VIDAL
Ouvrage collectif
Préface de Dominque VIDAL
A l’appel du Conseil œcuménique des Eglises, environ 1600 volontaires de 25 nationalités différentes ont rejoint depuis 2002, le Programme œcuménique d’accompagnement (EAPPI) en Palestine et Israël.
Hommes et femmes, catholiques ou protestants, de 25 à 70 ans décident de vivre aux côtés du peuple palestinien pour soutenir et encourager les efforts en vue de la paix. Ils sont également là pour témoigner et souvent pour s’interposer pacifiquement par leur seule présence. Ils vivent dans les Territoires occupés, dans la Vallée du Jourdain, à Naplouse, à Jérusalem-Est, à Bethléem, Hébron… Ainsi, à partir d’observations précises, ils peuvent rendre compte du manquement à la Justice et aux Droits de l’Homme (perte des droits fondamentaux, tracasseries aux check points, privation de certaines libertés fondamentales, du droit de se déplacer. De cette expérience vécue durant trois mois est né un livre qui, à partir de cinq témoignages, raconte la réalité du conflit israélo-palestinien dans son quotidien. S’en dégagent des lignes de force, le tableau des grands enjeux pour aujourd’hui et pour l’avenir mettant dramatiquement en scène deux peuples et trois religions sur ce petit territoire disputé depuis des millénaires.
Ardents militants pour la paix, ils ne sont pas légion, surtout du côté français, à partager un quotidien auprès des populations des deux camps opposés ! Ils cherchent à comprendre. Pour cela, ils écoutent autant les uns que les autres. Néanmoins, ils se rangent du côté du plus faible en étant une « présence protectrice ». Il n’est certes pas facile de se positionner, d’être neutre ; en fait, d’être un véritable témoin de la Paix ! Les enjeux sont là. Terribles. Parfois désespérants et forcément décevants… On sent bien la fragilité et le déchirement de ces hommes et femmes, jeunes ou plus vieux au contact des Palestiniens, au contact de la violence et souvent de l’opprobre.
Que font-ils exactement dans ce quotidien difficile et fragile ?
Ils se postent aux différents check-points et participent patiemment aux files d’attente ainsi qu’aux contrôles militaires. C’est, du reste, un agacement permanent pour Tsahal et les forces de Police. Témoins forcément gênants, ils sont comme une épine dans la botte des forces de sécurité. Ils ne sont pas nombreux. Ils agissent en petites équipes discrètes mélangeant les nationalités et les confessions religieuses. Le petit nombre facilite la discrétion, la mobilité et le dialogue avec les pacifistes des deux bords, ainsi qu’avec l’armée. Ils ne sont pas mandatés par l’ONU ni par une organisation politique internationale. Ils sont là au nom de leur foi, au nom de ce qu’ils jugent bon et juste pour l’Homme. Ils sont là au nom du Conseil œcuménique. L’appareillage pour vivre cette mission est sommaire mais efficace : appareil photo, jumelles et chaussures de marche. Bien chaussés, la marche est une activité quotidienne. Ils font des rondes, matin, après-midi et soir dans les villages, auprès des écoles, dans les lieux sensibles... Ils accompagnent parfois les enfants à l’école dans des lieux éloignés ou enclavés. Ils aident à la récolte des olives, occupation traditionnelle et ancestrale. Ils occupent le terrain. Sur les ordinateurs portables, ils renseignement des fiches-type qui permettent de relever et expliquer les nombreux incidents, les violations quotidiennes des droits de l’Homme (destructions des installations, de maisons, déplacement de personnes, fermetures d’écoles, destruction d’oliviers, massacre de moutons et de brebis…). Ensuite, ces fiches sont expédiées quotidiennement à EAPPI et aux grandes ONG et institutions internationales parmi lesquelles on compte : la Croix-Rouge, l’Unicef, Médecins sans frontières, et l’ONU. Trois mois. C’est court et c’est… déjà si long lorsque tous les jours ces militants sont confrontés aux difficultés liées à ce conflit ! La solidarité est au prix d’un engagement désintéressé, lourd, traumatisant, mais toujours solidaire et en dialogue. C’est en fait leur seule arme !
A la fin du livre, deux Palestiniens et deux Juifs Israéliens témoignent de l’impérieuse nécessité d’avancer sur les chemins de la paix, du dialogue et du Droit pour sortir du conflit israélo-palestinien. Cette prise de parole qui rejoint celles de ces chrétiens au grand cœur se voudrait être aussi un appel à un plus grand engagement des nations, des chrétiens, des Hommes de bonne volonté… Etre témoin et « faiseur de paix », tel pourrait être l’unique raison de ce livre de témoignages. A vous de juger… Bonne lecture !
Patrice SABATER,
Barcelone – Mars 2019
Lucienne Gouguenheim, Claire-Lise Ott, Jacques Toureille et Danièle Vergniol. Témoins de Paix en Palestine. Préface de Dominique Vidal. Éditions Temps Présent, Juin 2017. 168 pages. 14 €.