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Domuni à la Foire du Livre de Brive : vers de nouveaux horizons

Domuni à la Foire du Livre de Brive : vers de nouveaux horizons

12 novembre 2024

Le week-end dernier, la Foire du Livre de Brive, l’un des plus grands événements littéraires de France, a rassemblé près de 80 000 visiteurs : passionnés de littérature, éditeurs, auteurs et professionnels du secteur se sont retrouvés pour célébrer la culture et les idées. Pour Domuni-Press, maison d'édition attachée à Domuni Universitas, cette occasion fut précieuse pour s’immerger dans les échanges intellectuels et mieux comprendre les dynamiques du monde littéraire actuel. Si cette année, Domuni-Press n’a pas encore franchi le cap d’une participation avec ses propres auteurs, cette expérience a marqué un premier pas dans une démarche d’observation et de réflexion en vue d’une possible implication plus active lors de futures éditions.

Domuni-Press : une maison d'édition engagée pour nourrir la réflexion

Créée pour accompagner les activités de recherche de Domuni Universitas, Domuni-Press vise, au-delà de la publication des travaux de recherche universitaires, à promouvoir une réflexion de fond pour nourrir les débats contemporains. Depuis sa fondation en 2012, la maison d'édition a trouvé sa place dans le paysage éditorial en proposant des ouvrages en philosophie, théologie, spiritualité, ainsi qu'en sciences humaines et sociales. Reconnue pour la qualité intellectuelle et la profondeur des sujets qu'elle traite, Domuni-Press s’engage à promouvoir la diversité des idées et à enrichir les discussions contemporaines.

Domuni-Press se distingue par son attention à la rigueur intellectuelle et par son ambition de publier des ouvrages qui apportent une véritable valeur ajoutée au monde littéraire. Avec une approche humaine et engagée, la maison soutient des projets explorant des perspectives nouvelles, cherchant à mettre en avant des voix qui, parfois, peinent à se faire entendre dans le circuit éditorial classique.

Une délégation de Domuni-Press à la Foire du Livre de Brive

Cette année, Domuni-Press a opté pour une présence discrète, envoyant une délégation pour observer les tendances et participer aux échanges du secteur littéraire. L’objectif était de se familiariser avec les attentes du public, de rencontrer d’autres acteurs du monde du livre, et de prendre des repères pour envisager une participation directe à l’avenir. Bien qu’il ne s’agissait pas d’une présentation de ses publications ni d’une participation de ses auteurs, la présence de Domuni-Press a permis d'enrichir sa compréhension des attentes du marché et d'engager des discussions constructives sur les orientations possibles de son édition.

Avec ses milliers de visiteurs, la Foire de Brive offre un cadre exceptionnel pour observer les évolutions de la scène littéraire. Domuni-Press a ainsi pu échanger avec des libraires, des éditeurs, des professionnels du livre, mais aussi des lecteurs curieux des thématiques que la maison défend. Ces échanges enrichissants ont permis à Domuni-Press de mieux cerner les attentes du public et de réfléchir aux possibilités de collaborations futures avec d’autres éditeurs et auteurs.

Une programmation riche et attractive dans le forum "Etat de droit"

Au-delà de ces perspectives, Domuni-Press a également eu l’occasion d'assister à une programmation exceptionnelle, en particulier lors du forum consacré à l’État de droit, où plusieurs interventions remarquées ont nourri la réflexion. Parmi elles, les contributions de Gilles Boyer, député européen, de Johann Chapoutot, historien, et de Jean-Louis Debré, ancien président du Conseil constitutionnel, ont captivé l’audience.

L’intervention de Jean-Louis Debré, ancien président du Conseil constitutionnel, a apporté une perspective institutionnelle et juridique précieuse. Fort de son expérience à la tête de la plus haute instance de régulation constitutionnelle en France, J-L Debré a partagé sa vision de l'État de droit en tant que fondement indispensable d'une société démocratique.

Il a souligné l’importance du rôle du Conseil constitutionnel dans la protection des libertés fondamentales et dans la préservation de l’équilibre des pouvoirs. Pour J-L Debré, le Conseil constitutionnel est bien plus qu’un organe de contrôle des lois : il est un gardien des droits et libertés publiques face aux éventuels abus de pouvoir. En évoquant son mandat, il a rappelé les enjeux auxquels fait face une institution comme le Conseil dans un monde où les crises sociales et politiques peuvent exercer une pression significative sur les institutions démocratiques.

Son intervention  a résonné particulièrement auprès des participants en soulignant l’importance d’une justice constitutionnelle robuste pour garantir que l'État de droit reste un pilier inébranlable, même en période de turbulences. La présence de J-L Debré a ainsi enrichi les réflexions de ce forum, rappelant que la défense de l'État de droit est une mission commune qui nécessite l’engagement des institutions comme des citoyens.

Gilles Boyer et Johann Chapoutot partagent cette vision, chacun soulignant à sa manière l’importance de défendre les valeurs démocratiques et les droits fondamentaux face aux défis de la diversité culturelle et aux menaces populistes. Gilles Boyer a partagé son expérience de député européen, décrivant l'Union européenne comme un espace de démocratie fondé sur la recherche de consensus malgré la diversité culturelle et politique des États membres. Il partageait cette table ronde avec l’écrivain Aurélien Bellanger, avec qui il a eu l’occasion d’échanger des perspectives radicalement différentes sur la démocratie et l’État de droit. Cette opposition a illustré un sens du débat démocratique, permettant à Brive de devenir un espace d'échange constructif et pluraliste.

Johann Chapoutot, quant à lui, a livré une analyse profonde de la République de Weimar et des sources du nazisme, manifestant l’importance de protéger les démocraties contre les dérives autoritaires. Il a illustré à travers ses propos cette vocation de l’historien, que l'on peut qualifier de “mémoire du futur”, en montrant combien la compréhension des événements passés est essentielle pour éclairer et prévenir les enjeux de demain. 

Béatrice Brugère, magistrate, a marqué les débats avec une réflexion sur l'état du monde judiciaire contemporain. A ses côtés, Sébastien Pimont et Vincent Forray, tous deux spécialistes en droit et en théorie juridique, de l'Ecole de droit de l'IEP de Paris, ont également contribué de manière significative au débat. 

La richesse de ces interventions a confirmé l’attrait intellectuel de la foire pour un public en quête de réflexion et a illustré l’engagement des différents participants à défendre et à renforcer les valeurs démocratiques.

Les mots retrouvent du sens, l'exemple du dernier roman de Véronique Olmi

Dans sa Lettre sur le rôle de la littérature dans la formation, publiée à l’été 2024, le pape François écrit que « la littérature aide le lecteur à briser les idoles des langages autoréférentiels, faussement autosuffisants et figés, qui peuvent parfois même polluer notre discours ecclésial en enfermant la liberté de la Parole ».

L’intervention de la romancière Véronique Olmi a offert une illustration concrète de ce processus. L’autrice a su captivé la délégation de Domuni avec la présentation de son dernier roman, Le Courage des Innocents. Dans cet ouvrage, Véronique Olmi tisse un portrait complexe et profond de son personnage principal, Ben, c'est-à-dire le Fils, un personnage marqué par des traits christiques, dit-elle. Il incarne un idéal de don de soi et de compassion qui le rend étranger au monde brutal et cynique qui l'entoure.

Dès le début de l’histoire, Ben traverse la France pour retrouver son jeune frère, Jimmy, placé dans un foyer après avoir été retiré à la garde de leur père. Dans ce milieu, Ben découvre la réalité de l’enfance vulnérable et l’ampleur des souffrances de ceux qui sont ballottés de foyer en foyer. Sa rencontre avec cet univers le conduit à un engagement sans compromis, qui le mènera au-delà des frontières pour défendre des enfants arrachés à leur innocence, même jusqu’en Ukraine, où il affrontera la violence d’un monde souvent indifférent au sort des plus faibles.

Ben ne peut pas trouver sa place, comme non-violent dans un monde de guerre, comme aimant la justice dans un monde injuste. Ben est trop sensible, trop humain, trop vivant. Avant d’entamer l’écriture de ce roman, l’autrice a expliqué s’être préparée en relisant les quatre Évangiles pour mieux comprendre et nourrir la profondeur de son personnage.

En choisissant ce personnage vulnérable, Véronique Olmi inscrit son œuvre dans une tradition littéraire qui pourrait presque être qualifiée de théologie implicite. Par son exploration du mal, de la souffrance, et de la beauté de l’existence, la romancière offre une œuvre qui ne se limite pas aux mots : la littérature peut elle-même être un moyen de retrouver du sens et de redonner aux mots leur profondeur.

Cela fait écho aux propos du pape François selon lequel « la parole littéraire est celle qui met en mouvement, libère et purifie le langage : elle l’ouvre enfin à d’autres possibilités d’expression et d’exploration, elle le rend accueillant à la Parole qui s’installe dans le langage humain, non pas lorsqu’il se comprend comme un savoir déjà plénier, définitif et complet, mais lorsqu’il devient une veille d’écoute en attente de Celui qui vient faire toutes choses nouvelles ».

Le roman de Mme Olmi peut inciter des théologiens à repenser certaines notions fondamentales, invitant à une réflexion renouvelée sur les représentations traditionnelles du christique. V. Olmi pousse à interroger la portée de ces valeurs au-delà des cadres théologiques conventionnels, qui associent souvent le christique à la souffrance et au sacrifice. 

Venir à Brive, c’est donc aussi accepter de quitter sa zone de confort : la Foire elle-même, par son esprit ouvert et pluraliste, offre un espace où les idées sont bousculées, où de nouvelles perspectives émergent. Rencontrer ces brises littéraires et vents de pensées différents, c’est se confronter à un esprit neuf, un souffle différent de celui des lieux académiques. Ici, la littérature et la spiritualité se croisent, se défient et se nourrissent, incitant chacun à réexaminer ses propres certitudes à l'écoute de voix singulières et des expériences humaines qui s’y expriment.

L'hospitalité de la langue française s'enrichit des imaginaires étrangers 

Par ailleurs, et parmi les grands noms présents à la Foire de Brive, les écrivains primés cet automne ont également particulièrement marqué les esprits par leurs parcours et leurs perspectives uniques sur la langue française. Chacun d’eux, bien qu’ayant grandi avec une langue maternelle autre que le français, a su s’approprier cette langue pour en faire un espace d’expression littéraire riche et puissant.

Kamel Daoud, distingué par le prix Goncourt pour son roman Houris, Miguel Bonnefoy, lauréat du prix de l'Académie française avec Le rêve du jaguar, et Abdellah Taïa, récompensé pour Le bastion des larmes, ont tous trois célébré ce qu’ils ont décrit comme l'« hospitalité de la langue française ».

Ils ont souligné combien le français leur offre un espace d'accueil qui s’enrichit des imaginaires étrangers qu'ils portent, permettant de transcender les frontières culturelles et de faire résonner des histoires universelles, touchant des lecteurs bien au-delà des limites géographiques et linguistiques. Leur hommage à la langue française témoigne d’une vitalité et d’une ouverture qui font d’eux les symboles d’une littérature française renouvelée, nourrie par la diversité.

Un espace pour explorer les opportunités futures

Ainsi, cette participation de Domuni sous forme de délégation a aussi permis de nourrir une réflexion stratégique pour l’avenir. Le salon de Brive représente une vitrine unique en matière de visibilité et de rencontres, et pour Domuni-Press, l’idée d’une participation active – avec des ouvrages et des auteurs – devient une perspective sérieuse à envisager dans les prochaines années. Cette première expérience offre la possibilité de repenser la manière dont Domuni-Press pourrait mettre en valeur ses ouvrages dans un cadre plus large, et de créer des liens avec d'autres acteurs du monde littéraire partageant ses valeurs de diversité intellectuelle.

Domuni-Press, fidèle à son engagement envers l’ouverture intellectuelle, cherche également à soutenir les jeunes auteurs et autrices qui apportent une vision neuve et des idées novatrices. En offrant une chance à ceux qui peinent à trouver leur place dans les grandes maisons d’édition, Domuni-Press soutient la relève littéraire et académique.

La Foire du Livre de Brive, de par son affluence et sa réputation, offre une plateforme idéale pour ces jeunes talents qui, souvent, se heurtent aux contraintes de l’édition classique. En envisageant une présence active dans les prochaines éditions, Domuni-Press pourrait ainsi renforcer son rôle dans le soutien à l’émergence de nouveaux talents en littérature et dans les sciences humaines, consolidant son engagement envers la diversité des voix.

Ainsi, cette première expérience de la Foire du Livre de Brive a permis de poser des bases solides pour l'avenir. Les rencontres avec d’autres éditeurs, les nombreux échanges avec le public et la découverte des dernières tendances ont révélé une demande réelle pour des ouvrages porteurs de réflexion et de sens, domaines dans lesquels Domuni-Press a un rôle à jouer.