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Communiqué - Hommage au Professeur Anselme Baudelet, osb
22 mars 2023
Parmi les premiers professeurs de Domuni Universitas
Un précurseur
Le P. Anselme Baudelet a été l’un des premiers professeurs de Domuni. Il a rapidement confié tous les cours qu’il avait soigneusement préparés pour les religieux et religieuses d’Haïti et il en a écrit d’autres, suivant les besoins. Il avait tout écrit, parfois pour une poignée d’étudiants du CIFOR à Port au Prince, et il a éprouvé une grande joie à proposer ses trésors au plus grand nombre, par-delà les frontières, assurant avec beaucoup de soin les corrections des devoirs et des examens, la direction des mémoires de master et le suivi général des questions portant sur ses cours.
Isolé mais relié au monde, depuis Haïti
Placé sur le sommet de la colline qui domine le rivage de l’océan, d’où l’on voit l’île majestueuse de la Goyave (Haïti), sur le morne sen Bewna (saint Benoît), avec ses capteurs solaires et son antenne parabolique, le P. Anselme, concentré dans l’étude, comme un bon bénédictin, était en lien avec tout l’univers…
Je l’imagine aujourd’hui, non pas au-delà de l’océan, comme avant, mais au-delà de notre histoire présente, sur l’autre rive, encore en lien avec chacun de nous, non plus par Internet mais cette fois dans la communion des saints, avec tous les amis du Dieu vivant.
Merci P. Anselme ! Merci pour votre générosité, pour votre fidélité. Merci de ne pas nous oublier !
Fr. Michel Van Aerde, op
Recteur
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Frère Anselme, Yves Baudelet à l’état civil, est né à Toulon le 17 mai 1939 au gré des affectations militaires de son père, officier de marine, mais la famille est bien finistérienne, douarneniste du coté maternel et morlaisienne du coté paternel. Un de ses plus anciens souvenirs d’enfance : l’arrivée des allemands à Bizerte en Afrique du Nord où le surprend la mort de son père alors qu’il n’a pas 4 ans. Lui et ses trois autres frère et sœurs sont ramenés en Normandie jusqu’à la fin de la guerre. En 1945 sa maman se remarie avec un ami de son père et la fratrie s’augmentera de trois frères et une sœur. Notre frère cultivera toujours avec chaleur ces liens familiaux.
Son milieu familial est profondément catholique avec, dira notre frère, des relents de jansénisme, mais un grand oncle missionnaire à Ceylan et une tante missionnaire aux USA marquent sa jeune foi et ne sont pas sans importance dans l’éveil de sa vocation religieuse.
Au tout début des années 50 la famille s’installe à Brest et c’est là que le jeune Yves découvre le scoutisme qui va marquer toute son adolescence. A 18 ans il prend son envol pour des études de pharmacie à Rennes. Cette expérience l’ouvre au monde, notamment celui de l’incroyance et le conduit à creuser sa vocation : c’est ainsi qu’en mai 1959, lors d’une retraite à Landévennec il ressent l’appel à suivre le Christ dans la vie monastique. Après avoir continué ses études à l’école de santé militaire de Brest et effectué son service militaire dans la Marine, il entre à l’abbaye en novembre 1962. Il y fera profession monastique le 6 juin 1964 puis, après son engagement définitif, il part étudier à la Catho d’Angers. C’est là qu’il découvre la figure de Guillaume de saint Thierry et que son intérêt pour la théologie se renforce. De retour à Landévennec il enseigne la pensée des Pères de l’Eglise et parallèlement s’occupe de l’accueil des jeunes, nombreux en cette fin des années 70 à fréquenter les monastères.
L’appel à partir pour Haïti le rejoint en 1980 en l’année saint Benoit, alors qu’il travaille déjà à une thèse sur Guillaume de saint Thierry. Il sera, en janvier 1981, le premier frère de la communauté à s’envoler vers Port-au-Prince. Il n’en est revenu qu’en ce mois de janvier 2023 pour soigner le cancer qui vient de l’emporter. Ces 42 années Haïtiennes ont été des années données et des années bien remplies ! Interrompues d’ailleurs en leurs débuts pour travailler et soutenir en juin 1984 sa thèse sur « l’expérience spirituelle d’après Guillaume de St. Thierry ».
La fondation du Morne saint Benoît le verra tour à tour (en même temps que comptable) professeur, hôtelier, maître des novices, et de 2003 à 2008, Prieur, service qu’il assumera par obéissance, se sachant peu fait pour la tâche. Il est aussi l’infatigable chroniqueur du journal de bord du monastère. Il en vit et en relate les péripéties ainsi que celles que traverse le pays avec lequel la communauté par sa simple présence fraternelle, fait corps, partageant la situation d’insécurité de ses habitants et son espérance. En 2010 au moment du terrible tremblement de terre de Port-au-Prince, frère Anselme aura cette parole : « je suis passé de l’espoir à l’espérance ».
C’est cette même espérance qui nous conduit aujourd’hui à le confier à la miséricorde du Seigneur, lui qui fut, sous ses sourcils broussailleux un beau témoin de la bonté de Dieu.
Nous le recommandons à votre prière par l’intercession de Notre Dame du Perpétuel secours, vénérée en Haïti.
Ses obsèques ont eu lieu en l’église du monastère ce mardi 21 mars à 15h.
Fr. Jean-Michel GRIMAUD, abbé et la communauté
Abbaye saint Guénolé 29560 Landévennec