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Rencontre entre étudiants et enseignants

Rencontre entre étudiants et enseignants

2 mai 2024

Se retrouver "en vrai"

Ils convergent vers Lyon, en cette matinée ensoleillée d’avril, une brève éclaircie au milieu d’un printemps humide. « Ils », ce sont des étudiants qui étudient à distance, à Domuni-Universitas, l’université en ligne des Dominicains, fondée il y a plus de vingt-cinq ans, aux tout-débuts d’internet.

Ils se retrouvent dans une salle aux murs clairs, du centre culturel des frères prêcheurs, adossé au couvent, à quelques centaines de mètres du parc de la Tête d’or. Les visages sont avenants, même si pour certains, la nuit fut courte. C’est qu’ils viennent parfois de loin, d’Annecy, de Chambéry et même de Paris, d’Angers et d’Hardelot. « Car cela vaut le coup », disent-ils.

L'expérience des études à distance, en ligne

Aujourd’hui, c’est banal de suivre des cours en ligne. Banal ? Pas tout à fait quand on en croit l’expérience qu’ils partagent. Après de brèves présentations, chacun en profite, à l’invitation de la rectrice présente ce matin-là, pour évoquer ce qu’il vit, ce que lui apporte ces études à distance, avec son lot de découvertes et de difficultés. « Domuni a été fondée pour vous et progresse avec vous », explique Marie Monnet, « au service de ceux qui ne peuvent pas suivre des études autrement ». La majorité des étudiants est trentenaire, largement engagée dans la vie professionnelle et familiale.

Parole aux étudiants

Nicolas, 33 ans, est marié et père de trois enfants, laïc en mission pastorale après une première carrière militaire. Il fait, dit-il « les choses à l’envers », il reprend un bachelor de philosophie à distance pour compléter les cours de théologie qu’il a suivis auparavant, dans une faculté en présentiel. Il aimerait aller jusqu’au master de philosophie, pour peut-être un jour, enseigner cette matière au lycée.

Thomas, ingénieur informaticien, récemment converti, a tapé « théologie » sur Google et se retrouve à Domuni, en première année de licence de théologie.

Camille, 19 ans, de la région lyonnaise, s’est inscrit pour préparer un bachelor en histoire de l’art et présente avec brio une recherche sur la peinture de Fra Angelico.  « J’ai tout oublié du catéchisme mais cela me passionne aujourd’hui et j’aimerais être médiateur culturel à l’avenir ».

Chantal est médecin anesthésiste, spécialiste de la douleur. Elle côtoie ce matin-là une consœur qu’elle ne connaissait pas avant, Marie-Christine, oncologue pédiatrique. Cette dernière explique : « je voulais aller plus loin dans le soin apporté aux patients, j’ai commencé à approfondir Husserl, puis j’ai plongé en master de philosophie ».

Elle ne cache pas qu’il y a « de gros morceaux » à avaler, encourage un autre étudiant de philosophie en butte avec le cours de métaphysique. « C’est un cours génial » disent-ils tous deux mais « très difficile ». « Et tu n’en as pas fini » conclut-elle avec malice. « Tu vas voir, il y a d’autres gros morceaux derrière mais çà aussi, çà vaut le coup ». Ce langage et cette familiarité font du bien, au milieu d’études parfois arides.

Isabelle, elle, travaille au Haut-Commissariat aux Réfugiés, à Genève, après plusieurs années de terrain en Afrique. Convertie il y a quelques années, elle a eu envie, dit-elle, de « découvrir les piliers de l’anthropologie chrétienne ». Elle suit à Domuni un certificat en théologie qui lui permet d’approfondir ces notions, à son rythme.

Julien est venu l’accompagner, « en ami » et « pour se renseigner », car il envisage lui aussi de continuer des études à distance, en combinant cela avec son travail de comptable dans l’enseignement catholique.

Bastien est récemment revenu de l’étranger où il était expatrié pour son travail d’actuaire. Se rapprochant de la France, il poursuit ses études à Domuni, amorcées hors de France. La flexibilité des études est au cœur des témoignages.

 Réfléchir ensemble, autour d'une thématique qui fait sens

A Lyon, en ce samedi de printemps, les expériences convergent donc, ainsi que les savoirs et les apprentissages. Un thème a été choisi : qu’est-ce que la fidélité ? Comment penser le temps long ? Et la question, massive, impressionnante, va être débattue, à partir des exposés des participants, à la croisée de plusieurs disciplines et de plusieurs méthodologies.

C’est bien le but de ces journées d’étude participative : permettre à ceux qui le peuvent de se retrouver régulièrement, avec d’autres étudiants, autour de quelques enseignants. Car pour ces derniers aussi, la rencontre est fructueuse.

Avec mentors et tuteurs 

Elle permet de « mettre des visages sur ceux que l’on accompagne au quotidien ». C’est ce dont témoigne Emmanuel Boissieu, mentor au sein de la faculté de philosophie de Domuni. Il rencontre « pour de vrai » ce samedi certains de « ses » étudiants et cela, pour la première fois. Il y a même un peu d’émotion car l’on se connait déjà mais autrement. Des étudiants disent combien il est patient et attentif. C’est que l’accompagnement personnalisé est au cœur du dispositif pédagogique d’enseignement à distance de Domuni.

Les journées d’étude renforcent les liens existants, en petit groupe, elles permettent de se sentir plus connecté encore les uns aux autres. « Nous rencontrons des personnes qui ont les mêmes intérêts que nous » et cela n’est pas si fréquent dans le monde d’aujourd’hui. « Je suis davantage relié à la communauté » dit un participant à la fin de la rencontre. C’est ce sentiment d’appartenance que renforce la journée d’étude participative.

Les liens se renforcent

« On se connait déjà » reconnaissent-ils tous mais « çà renforce les liens de se voir » ! La rectrice le confie : « à Domuni, c’est bien le mystère de la relation humaine, d’une présence à soi et aux autres, à distance, qui invite toujours, à un moment ou à un autre, à la rencontre.  On repart des journées d’étude avec quelque chose d’un autre ordre, une forme d’amitié peut-être, la conviction que l’on n’est pas tout seul sur son chemin qui, pour la plupart, est une certaine quête existentielle ». Car la visée des journées est vraiment participative, comme son nom l’indique. Il ne s’agit pas d’une énième conférence donnée par celui qui sait, écoutée par ceux qui ne sauraient pas.

Une étude structurante

A Domuni, l’étude se veut structurante. « Pendant ses études, l’étudiant reçoit un patrimoine intellectuel immense », dit le dominicain Michel Van Aerde, recteur honoraire et enseignant, présent sur place ce samedi. « Nous essayons de transmettre des références fortes, des points d’appui, dans l’espace et dans le temps ». La théologie, la philosophie, l’histoire, l’histoire de l’art, ce sont autant de disciplines qui s’y prêtent.

« Mais sans oublier l’essentiel : que ces références fortes soient assimilées, qu’elles deviennent siennes, pour entrer en discussion avec les questions contemporaines, avec tout ce qui interroge nos proches, nos sociétés, nos communautés ». Et d’ajouter : « dans l’Ordre des prêcheurs, fondé au 13e siècle pour discuter avec les cathares, il y a cette mission qui est de se confronter aux autres et cela s’apprend. Nous essayons aussi par la pédagogie de Domuni, qui s’inscrit pleinement dans cette histoire, d’apprendre cela aux étudiants ». De bénéficiaires, ils doivent devenir acteurs de leur formation et peut-être à leur tour, acteurs de la formation d’autres personnes …

L'intelligence est collective

Le mot "participer" n’est donc pas anodin pour les journées d’étude participative, comme celle de Lyon ce samedi. Cela signifie, dit un enseignant présent, « pour chacun, prendre part à la problématique, s'impliquer et contribuer à la réflexion commune ». Camille présente donc un exposé particulièrement cohérent sur Fra Angelico et suscite la réflexion des autres participants en s’interrogeant ainsi : « la créativité de l’artiste est-elle rupture de fidélité ? ». Claire, professeure d’histoire contemporaine, s’interroge, elle, sur la fidélité au Général De Gaulle, et retrace pour nourrir la réflexion la naissance des Compagnons de la Libération, depuis l’appel du 18 juin 1940 jusqu’à la mort du Général en 1970. Marie-Christine, en philosophe, conduit le groupe à se pencher sur la notion de « fidélité à soi ». Est-elle incompatible à certains moments avec la fidélité promise aux autres ? En d’autres termes, comment penser la temporalité ? C’est avec Heidegger que nous cheminons alors.

Chaque intervention se veut brève, vive, provoque même. Chacun, depuis sa discipline, s’implique et prend une part active, s’engage dans le processus de réflexion et de débat. C’est un jeu d’intelligence collective, comme une petite mise en scène en un lieu et un temps donné. Autour d’une question, d’un concept, d’une idée, tous s’y prêtent, et mettent en œuvre la capacité du groupe formé ce jour-là à collaborer et à innover en combinant connaissances, compétences et expériences.

La fin de la journée arrive rapidement, une photo est prise dans le cloître des Dominicains, on échange des mails et des téléphones. On sait que l’on se retrouve dès le lendemain, sur la plateforme de Domuni, reliés et prêts à poursuivre le chemin en commun.