6 octobre 2023

Cet article aborde les conflits dans les Actes des Apôtres, ainsi que le développement mouvementé de l’Eglise primitive, une invitation à découvrir l'ouvrage paru à Domuni-Press d'Olivier Belleil.

Les conflits dans les Actes des Apôtres et l’Église Primitive

L’Église présente un visage qui est double. En effet, elle apparaît aussi bien comme une fraternité où la communion des croyants se vit, mais aussi comme le lieu d’innombrables conflits mettant à mal le principe au cours du temps.

Le concept de communion

La communion et le conflit

Ces deux concepts, de communion et de conflit, sont-ils seulement antinomiques ? En effet, une première lecture des Actes met en avant le fait que les tensions rencontrées sont ennemies de l’unité ecclésiale. D’un côté, il y aurait l’Esprit ainsi que la communion, qui sont connotés positivement et de l’autre côté, les crises et les conflits qui eux, seraient perçus comme des dangers ainsi que des menaces.

Par ailleurs, en poussant l’étude plus loin, on peut se rendre compte que les crises mais surtout leurs résolutions, vont constituer des occasions opportunes pour redéfinir en profondeur la mission ecclésiale et poser ainsi des jalons pour une nouvelle communion.

Les crises : des événements pas si anodins

Les crises et les conflits des Actes ne sont pas de simples événements, des choses qui arrivent dans la vie mais bien au contraire des éléments constitutifs qui permettent l’édification de la véritable koinônia ou communion, avec Dieu et les frères, ce n’est pas la relation fusionnelle ou encore l’uniformité.

Après les lettres de Paul présentant sa vision de l’Eglise, souvent à travers les crises qu’il a pu traverser, le témoignage de Luc est un témoignage qui a été fondateur dans la réflexion théologique ultérieure de l’Eglise.

Les Actes des Apôtres

Evincés dans un premier temps

Pendant les deux premiers siècles, les Actes n’ont été que très peu cités par les Pères apostoliques, qui ont préféré s’intéresser, et reprendre, les exhortations des lettres de Paul qui encourageaient l’unité tout en dénonçant les divisions.

La passion de l’unité, en quelque sorte, au-delà des conflits a ainsi été célébrée par Saint Ignace d’Antioche dans son testament spirituel, or il revient à Saint Jean Chrysostome de consacrer aux Actes une lecture suivie de 55 homélies.

Le rôle du patriarche de Constantinople

Le patriarche de Constantinople, ou plus communément Jean Chrysostome (344-407), a développé une ecclésiologie passant sans arrêt du commentaire de texte à une actualisation du vécu de l’Eglise à la charnière entre les IVè et Vè siècles.

Il a proposé une lecture globale sans pour autant taire l’ensemble des situations de conflits, ce qui a eu une grande influence pour penser l’Eglise dans de multiples domaines touchant à la communion.

La communauté chrétienne des Actes

La communauté chrétienne des Actes des Apôtres a de tout temps été présentée dans la Tradition comme un véritable modèle de communion. De plus on distingue deux formules : « la koinonia fraternelle » et « un cœur et une âme », qui sont perçus comme exprimant une réalité qui fait partie de la nature même de l’Église, comme une sorte de code génétique. Ce code génétique contenant des éléments d’amour et d’unité amenés à se déployer selon une nécessité interne.

La Pentecôte et l’incidence des conflits sur la communion

L’influence de la Pentecôte

Les communautés nouvelles ainsi que les nouveaux mouvements ecclésiaux, se sont aussi fortement inspirées de ce vécu de l’Eglise issu de la Pentecôte.

En effet, des aspects comme la dimension pneumatologique de l’Église, la radicalité du témoignage évangélique ou encore l’annonce explicite de Jésus Seigneur et sauveur, le désir d’annoncer le Christ dans un dialogue avec les cultures contemporaines … sont en consonance directe avec la conception conciliaire de l’Église et par extension de la communion.

A l’image de l’Église primitive ces nouvelles communautés, vont découvrir l’existence d’un rapport dialectique entre la communion et le conflit, une influence qui soit réciproque et positive entre les deux réalités.

Un classement dans les conflits

La communion des premiers chrétiens avec le Christ, mais aussi avec leur vocation et entre eux, va être à l’origine de plusieurs conflits avec leur environnement à la fois religieux et culturel, de la communion est né le conflit.

Un classement a pu être fait portant sur les conflits ainsi que leur incidence sur la communion :

• On retrouve tout d’abord les difficultés dites ad intra, liées aux personnes que ce soit au péché des chrétiens au cœur mélangé ou encore aux divergences relationnelles.
• Viennent ensuite les crises internes de croissance dans la communauté chrétienne, opposant les judo-chrétiens et héllénistes.
• Les conflits des disciples de la Voie, posant le problème de la relation entre les Juifs devenus disciples de Jésus et ceux refusant de le reconnaître comme le Messie d’Israël.
• Les confrontations culturelles, juridiques et politiques entre les messagers de l’Evangile et l’univers économico-religieux.

Pour en savoir plus sur cette classification et la résolution des conflits dans l’Eglise primitive, vous pouvez consulter notre ouvrage Résolution des conflits dans l’Eglise primitive de Olivier Belleil : (ici).