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Lutter contre la corruption : synergies académiques et institutionnelles
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19 février 2025
Ce 18 février 2025, l'Université catholique de Madagascar (UCM) a organisé une journée d'étude interdisciplinaire consacrée à la corruption, sous le thème : "Penser la corruption : approches plurielles et perspectives pour rompre la chaîne". Cette initiative a été portée par le Dr Manuel Rivero, doyen de la faculté de sciences sociales de Domuni Universitas, en coordination avec le Centre de Recherche de l'UCM, dirigé par le Dr. Sohary Razanaparany.
Partenaires de longue date, l'Université Catholique de Madagascar et Domuni Universitas ont partagé, au cours de cette journée d'étude, un moment fort. Cette rencontre, réunissant chercheurs, enseignants et experts, a permis de débattre des multiples dimensions du phénomène et des stratégies envisageables pour une société plus intègre.
Une corruption systémique aux effets dévastateurs
D'emblée, les discours d'ouverture ont mis en lumière la prégnance de la corruption dans la société malgache. L’intervention de la directrice de Transparency International Madagascar a été particulièrement appréciée. Considérée comme systémique, la corruption impacte tous les secteurs, du système judiciaire à l'administration publique, en passant par l'éducation et l'économie. Cette réalité alimente un cercle vicieux où pauvreté et corruption se renforcent mutuellement, exacerbant la démotivation citoyenne et le sous-développement.
Première session : La corruption et le développement humain
La matinée a été consacrée à une analyse approfondie des effets de la corruption sur le développement humain. La communication du Dr. Rivero a mis en perspective l'enseignement social de l'Église, rappelant que la corruption constitue un frein majeur à l’épanouissement de "tout l’homme et de tous les hommes".
Une autre intervention a exploré les liens entre pauvreté et corruption, soulevant la question de leur cohabitation ou de leur interaction circulaire. S'appuyant sur des études empiriques, les intervenants ont illustré comment l'absence de perspectives socio-économiques favorise le recours à des pratiques corrompues pour assurer sa survie. Il a également été souligné que les zones rurales sont particulièrement vulnérables à ces dynamiques, faute de moyens suffisants pour mettre en place des mécanismes de contrôle et de transparence.
Deuxième session : Perspectives culturelles et religieuses
La deuxième session a adopté une approche anthropologique et théologique. Les conférenciers ont interrogé les valeurs malgaches traditionnelles, notamment le fihavanana (solidarité) et le fahaiza-miaina (sagesse sociale), parfois instrumentalisées pour justifier certaines pratiques corruptrices.
D'un point de vue religieux, les intervenants ont réfléchi aux moyens de réduire l'écart entre l'enseignement de l'Évangile et les comportements quotidiens des fidèles face à la corruption. Des propositions concrètes ont été formulées, notamment en termes d'accompagnement éthique et de sensibilisation pastorale. Parmi celles-ci, l'idée de renforcer la formation des jeunes aux valeurs de l'intégrité et du respect des biens communs a été mise en avant comme une priorité.
Troisième session : Enjeux juridiques et mécanismes de lutte
L'après-midi a été marqué par une analyse des dispositifs de prévention et de répression de la corruption, tant au niveau national qu'international. L'intervention d'une magistrate du Pôle Anticor de Madagascar, a présenté les instruments juridiques en vigueur, mettant en évidence les défis d'application et les limites du cadre légal actuel. La communication de l'ancien Directeur général de Bianco, l'instance officiel de lutte contre la corruption, a présenté les enjeux actuels.
Un point marquant de cette session a été la communication de la rectrice de Domuni Universitas, qui a exposé les instruments juridiques internationaux en matière de lutte contre la corruption, insistant sur leur importance dans la prévention et la répression du phénomène.
La forte présence du rectorat et de la faculté de sciences sociales de Domuni Universitas à cet événement témoigne de l'engagement institutionnel en faveur d'une société plus intègre. Les participants ont également discuté de l'urgence de renforcer l'indépendance des institutions chargées de lutter contre la corruption, afin d'éviter toute ingérence politique et d'améliorer l'efficacité des sanctions appliquées.
Table ronde : Agir ensemble contre la corruption
Point d'orgue de la journée, la table ronde a rassemblé divers experts autour d'une question cruciale : comment construire une synergie efficace pour lutter contre la corruption ? Les participants ont insisté sur l'importance d'une approche holistique, combinant action politique, engagement citoyen, éducation à l'intégrité et renforcement des institutions. Il a été proposé de mettre en place une plateforme de collaboration entre les différentes organisations impliquées dans la lutte contre la corruption, afin de favoriser l’échange d’informations et d’harmoniser les stratégies d’intervention.
Le partenariat entre Domuni Universitas et l'UCM
Cet événement illustre parfaitement la coopération fructueuse entre Domuni Universitas et l'Université Catholique de Madagascar (UCM), un partenariat académique de longue date fondé sur des valeurs partagées d’intégrité, de justice sociale et d’excellence éducative. Grâce à cette synergie, des échanges enrichissants et des projets de recherche communs voient régulièrement le jour. Cette journée d'étude n’est ainsi qu’un premier jalon d’un engagement plus large qui donnera lieu à d’autres initiatives visant à approfondir la réflexion et renforcer la lutte contre la corruption à travers la formation, la recherche et la sensibilisation.
Perspectives et prolongements
Les discussions de cette journée serviront de base à la publication d'un dossier dans la Revue du Développement Intégral de l'UCM. Par ailleurs, les contributions issues des débats nourriront les futures réflexions académiques et politiques sur la question de la corruption à Madagascar. L’importance de poursuivre ces échanges à travers des séminaires réguliers a été soulignée, afin d’assurer un suivi des recommandations formulées lors de cette journée d’étude.
Ainsi, cette journée d'étude a non seulement permis d'approfondir la compréhension du phénomène, mais elle a également ouvert des pistes de réflexion et d'action pour construire une société plus juste et transparente. La nécessité d’une prise de conscience collective et d’un engagement durable des différents acteurs a été réaffirmée comme un élément essentiel pour mettre un terme à ce fléau qui freine le développement du pays.